Le temps retrouvé

par Bruno Sari

De nombreuses années se sont écoulées et le narrateur, malade, a passé de longs séjours en province pour se soigner. La guerre a éclaté et, lors d’un retour dans la capitale, le narrateur constate que ni l’élégance, ni le luxe, ni la recherche du plaisir n’ont perdu leurs droits. Mmes Verdurin et Bontemps règnent sur les deux salons les plus courus de Paris, entre autres par la haute aristocratie du faubourg Saint-Germain. Dans l’ensemble, les gens se montrent patriotes, excepté Charlus qui ne cache pas sa sympathie pour l’ennemi. En vieillissant, il se livre à des expériences sadomasochistes dans un hôtel de passe qu’il a acheté et dont il a confié la gérance à Jupien. Prenant conscience que sa maladie l’empêchera de réaliser une œuvre littéraire, le narrateur se désespère. Lors d’une soirée chez le prince de Guermantes, il a l’impression d’assister à un bal costumé, tant les anciennes connaissances qu’il y retrouve ont vieilli, paraissant déguisées. Cependant, trois incidents mineurs déclenchent en lui un effort de mémoire qui va ranimer des souvenirs lointains. Ces réminiscences mettent en évidence l’intérêt de ces introspections pour préserver de l’oubli certains événements du passé. Il décide alors d’orienter son travail dans ce sens pour faire aboutir son projet d’écriture. Victime d’une légère attaque cérébrale, il craint de de ne plus avoir assez de temps pour concrétiser son rêve.

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 wwwForcheville Mme sans masque-R

 wwwGuermantes Prince sans masqueD’après David Richardson

 www Mme X sans masque-R

Le narrateur séjourne à Tansonville, chez Gilberte qui se plaint d’être abandonnée et trompée par son mari Robert de Saint-Loup. Sachant que sa femme apprécie la présence du narrateur, Saint-Loup approuve cette visite, tout en faisant preuve d’une certaine désinvolture, alors que les deux hommes sont des amis intimes. Robert aime Gilberte, mais ne cesse de lui mentir maladroitement. Au courant de l’ancienne liaison de son mari avec Rachel, Gilberte s’inspire des photos de la jeune femme pour se farder et s’habiller, dans l’espoir de le reconquérir.

Le narrateur doit se rendre dans une maison de santé loin de Paris. Le dernier soir de son séjour à Tansonville, il lit dans le journal des Goncourt la relation d’une soirée donnée chez les Verdurin. On apprend que M. Verdurin est un ancien critique de La Revue, que Mme Verdurin se vante d’avoir été celle qui a « fait » Elstir (appelé à l’époque Tiche) jusqu’à lui enseigner son art, s’attribuant les idées qui ont amené le peintre à la création de ses tableaux les plus célèbres. Le narrateur, qui connaît bien les habitués du salon des Verdurin, est surpris de la description très idéalisée qu’en font les Goncourt .

A son retour à Paris, il découvre que la mode a beaucoup évolué. Bien que le pays soit en guerre, l’élégance n’a pas perdu ses droits, ni la recherche du plaisir. Malgré tous les efforts déployés par Mme de Saint Euverte, son salon n’atteint pas, et de loin, le succès et la gloire que connaissent les salons des deux reines de Paris, Mmes Verdurin et Bontemps. Les temps ont bien changé et les aristocrates du faubourg Saint-Germain fréquentent désormais volontiers le salon des Verdurin où, malgré les restrictions dues à la guerre, les réceptions sont d’un luxe inouï.

Le narrateur s’étonne du manque d’objectivité des journaux dans leur description de la guerre. Les Allemands approchent de Paris et Gilberte part se réfugier à Tansonville avec sa fille, mais elle veut faire croire qu’elle est allée là-bas pour sauver le château. Les Allemands y arrivent deux jours plus tard et elle doit héberger leur état-major. Saint-Loup, qui a réintégré l’armée, envoie au narrateur de très belles lettres du front.

La brouille entre Charlus et Mme Verdurin va en s’aggravant. La situation de Charlus a changé, ses goûts pour la gent masculine sont désormais connus de tous. Faute d’hommes à Paris du fait de la guerre, il s’intéresse aux jeunes garçons et cesse de fréquenter les gens qu’il voyait habituellement et qui, d’ailleurs, ne recherchent plus sa compagnie. Rancunière, Mme Verdurin, ne cesse de dire du mal de lui et répand dans les salons qu’il serait prussien, voire un espion à la solde des Allemands. Morel, qui voue à Charlus une haine totale, participe à cette réputation. Mme Verdurin fait jouer ses relations pour que Morel puisse rester embusqué à Paris. Celui-ci vit depuis deux ans avec une femme dont il est très épris et qui a su lui imposer une fidélité absolue.

Dans l’ensemble, les parisiens se révèlent patriotes. M. de Cambremer, bien qu’âgé, travaille dans un état-major près du front, le duc de Guermantes se montre très anglophile, de même qu’Odette qui ne cesse de débiter des lieux communs sur la guerre, Brichot, lui, affiche ses idées militaristes. En revanche, Charlus nourrit une évidente sympathie pour l’ennemi et, sans aller jusqu’à souhaiter la défaite de la France, il espère que l’Allemagne ne sera pas écrasée. Pleutre, fanfaron et jaloux, Bloch critique violemment les gens de l’aristocratie.

Le cercle des habitués s’est considérablement élargi dans le salon des Verdurin et, de ce fait, les fidèles membres fondateurs comme Brichot ont perdu de leur intérêt. Depuis le début de la guerre, l’universitaire écrit dans la presse des articles dont le succès lui vaut une gloire soudaine qui indispose Mme Verdurin. Celle-ci espace les invitations de Brichot, afin de lui éviter la rencontre de nouvelles personnes qui pourraient accroître sa renommée.

Un soir, à Paris, le narrateur rencontre par hasard Charlus suivant deux zouaves. Charlus lui parle de Morel dont il est séparé depuis plus de deux ans, à la suite d’une brouille dont, sans se l’avouer, il souffre beaucoup. Au terme de sa longue promenade nocturne, le narrateur quitte Charlus et, assoiffé, entre dans le seul hôtel éclairé qu’il aperçoit et d’où il voit sortir discrètement un militaire, en qui il croit reconnaître Saint–Loup. Puis, il découvre dans une chambre, Charlus, enchaîné sur un lit et en train de se faire fouetter par un homme l’abreuvant d’injures. Acheté par Charlus, cet hôtel est tenu par Jupien. Le Baron ne se plaît plus qu’avec les gens du peuple, il aime côtoyer le monde du vice qui d’ailleurs l’exploite en lui soutirant le plus d’argent possible.

Le narrateur apprend la mort de son ami Saint-Loup qui a eu au front une fin glorieuse. Il en a beaucoup de chagrin et observe avec étonnement que la duchesse de Guermantes, réputée femme sans cœur, est elle aussi très affectée par ce décès.

Le narrateur va passer à nouveau plusieurs années dans une maison de santé, mais sans grands résultats. Il rentre à Paris, d’autant plus désespéré qu’il est conscient de ne rien avoir d’un artiste ou d’un poète et qu’il ne réalisera jamais son rêve d’écrire. Malgré sa longue absence de Paris, il continue de recevoir de nombreuses invitations auxquelles il décide de se rendre. Convié à une matinée chez le prince de Guermantes, il retrouve ses anciennes connaissances après bien des années. En se rendant à cette invitation, il a marché sur un pavé posé de guingois et, lorsqu’à partir de cette aspérité, ses pensées le ramènent aux dalles inégales d’un baptistère à Venise, il ressent un bonheur intense. Peu après, quand un domestique cogne une cuillère contre une assiette, il croit entendre le bruit du marteau sur une roue d’un wagon du petit train arrêté dans une clairière près de Balbec. Un peu plus tard, en s’essuyant la bouche, il trouve à sa serviette la même raideur que la serviette de bain avec laquelle il avait eu tant de peine à se sécher devant la fenêtre de sa chambre d’hôtel, le premier jour de son arrivée à Balbec. Ces trois signes successifs le tirent de son découragement, le rendant soudain impatient d’entreprendre une œuvre littéraire, même s’il est conscient des difficultés à venir. Pour ne pas déranger le bon déroulement du concert qui a déjà commencé, on le fait attendre dans un petit salon où il se livre à de profondes réflexions sur l’art, l’écriture, la recherche du passé, le temps perdu.

Le morceau de musique terminé, on vient le chercher et il se trouve mêlé à une fête bien étrange : tous les invités sont déguisés, avec des têtes poudrées, des barbes et des moustaches blanchies, des visages ridés. Le narrateur est ébahi par la qualité du travestissement, sous lesquels il reconnaît avec étonnement certaines personnes. Il lui faut plusieurs instants pour comprendre que, mieux que le plus habile des maquilleurs, c’est le temps qui a changé ainsi les invités et que, malheureusement, à la fin de la fête, un débarbouillage ne leur permettra pas de récupérer leur aspect d’antan. Ainsi, une sèche et maigre jeune fille s’est transformée en une vaste et indulgente douairière. Mais le narrateur prend conscience soudainement que le temps qui a passé pour les autres a également passé pour lui : la duchesse de Guermantes l’interpelle avec ces mots « mon plus vieil ami », un jeune homme l’aborde « vous qui êtes un vieux Parisien… ». Certains des invités ressemblent à des jeunes de dix-huit ans, extrêmement fanés et ayant perdu tous leurs défauts alors que jadis ils étaient insupportables, d’autres semblent marmonner la prière des agonisants. Comment retrouver dans cette lourde dame marchant pesamment, la blonde valseuse qu’il a connue autrefois ? Certains paraissent ne pas avoir vieilli, sauf lorsqu’on s’approche, découvrant alors toutes les imperfections de leur visage. Seule, Odette de Forcheville semble ne pas avoir changé, avec son visage comme injecté de paraffine, elle a l’air d’une « cocotte à jamais naturalisée ». Elle a gardé la même voix, mais plus triste, comme celle des morts dans l’Odyssée. Le narrateur a de la peine à reconnaître son ami de jeunesse Bloch, qui se fait désormais appeler Jacques du Rozier.

Le prince de Guermantes, veuf et ruiné par la guerre s’est remarié avec Mme Verdurin qui est devenue ainsi la nouvelle princesse de Guermantes, le rêve le plus fou qu’elle ait jamais imaginé ! Lors de son veuvage, elle avait épousé le duc de Duras, cousin ruiné du prince de Guermantes, mort deux ans après le mariage.

Le narrateur est surpris que certains jeunes de la nouvelle génération semblent tenir la duchesse de Guermantes pour peu de chose alors que, pour d’autres personnes plus âgées, avoir Oriane chez soi, fût-ce pour une petite heure, représente un grand honneur.

Une grosse dame salue le narrateur qui a de la peine à la reconnaître. C’est Gilberte, qui n’apprécie guère de se retrouver la nièce de Mme Verdurin. Ils parlent longuement de Saint-Loup pour qui Gilberte a conservé beaucoup de respect, mais à vrai dire elle semble parler davantage de l’ancien ami du narrateur que de son mari. Elle est devenue l’amie inséparable d’Andrée. Un peu plus loin, le narrateur aperçoit la duchesse de Guermantes en conversation avec une affreuse vieille dame qui n’est autre que Rachel devenue désormais célèbre et qui ne peut s’empêcher de lui faire de l’œil. Quand, au cours de la soirée, elle déclame des vers, sa prestation est si ridicule qu’elle laisse les auditeurs stupéfaits… en dépit des applaudissements.

La duchesse de Guermantes, qui était la reine incontestée des réceptions, a beaucoup perdu de son brillant et de son insolence. Charlus raconte au narrateur qu’elle a trompé abondamment son mari dans le passé, celui-ci n’ayant jamais cessé de tromper sa femme. Malgré son âge, le duc s’est soudainement épris d’Odette de Forcheville, ce qui la flatte et la gonfle de vanité, pas mécontente de jouer ainsi un mauvais tour à la duchesse de Guermantes. Fidèle à ses habitudes, elle trompe son vieil amant. La duchesse de Guermantes se montre méprisante avec Gilberte de Saint-Loup : « Pour moi, c’est exactement rien cette femme, ce n’est même pas une femme » dit-elle. A l’inverse, elle éprouve une admiration sans bornes pour Rachel. Le narrateur rencontre Morel qui, à sa grande surprise, jouit de la considération de son entourage, qualifié d’une haute moralité.

La mémoire du narrateur est parfois défaillante et il constate que les souvenirs des gens sont souvent approximatifs, ce qui le renforce dans son désir de commencer son œuvre. D’avoir pu observer les visages apparemment grimés, accentue pour lui la notion du temps perdu. Quel bonheur ce serait d’écrire un tel livre, même s’il est conscient de l’ampleur de la tâche ! Il s’imagine travaillant avec Françoise à ses côtés, Françoise, vieille femme ignorante qui sait percevoir le bonheur du narrateur et respecte son travail, Françoise qui l’aidera à ranger et coller ses paperoles. Il n’est pas trop tard pour écrire, il doit commencer. Il décide que pour mener à bien son œuvre littéraire, il va cesser d’aller dans le monde. Mais malgré cela il craint de ne pas en avoir le temps. Ne va-t-il pas succomber le soir même dans un accident d’automobile ou à la suite d’une attaque cérébrale ? Prémonition ? Peu après, il est victime d’une attaque légère, mais qui le laisse quelque temps sans mémoire et sans force. Cependant son projet ne quitte plus ses pensées. Il se reproche d’avoir mené une vie de paresse, de plaisir et de maladie, et de ne commencer cette œuvre si importante pour lui qu’à la veille de mourir. Depuis son attaque, il a perdu le goût de vivre, la maladie l’a privé de ses forces et l’idée de la mort l’obsède, bien qu’il soit soutenu par la volonté de terminer son œuvre. Il vit de plus en plus dans le passé, persuadé que le déclin de sa volonté et de sa santé date de l’époque où, enfant à Combray, sa mère un soir a abdiqué son autorité en acceptant de passer la nuit dans sa chambre avec lui et du jour où sa grand-mère est morte après une lente agonie. Le tintement de la sonnette du jardin de Combray annonçant le départ de Swann et laissant espérer que sa mère va venir enfin l’embrasser, ce souvenir hante les derniers jours du narrateur.

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32 réflexions sur « Le temps retrouvé »

  1. Permettez-moi de vous signaler une coquille dans cette page (résumé de « Le Temps retrouvé ») à la quatrième ligne avant la fin : « l’époque où, enfant à Combray, sa mère un soir a abdiqué son autorité en acceptant de passer la nuit dans sa chambre, et où sa grand-mère et morte lentement. » Sans doute avez-vous voulu dire « et où sa grand-mère est morte lentement ».
    Toutes mes félicitations pour ce travail admirable et considérable qui ne manquera pas de rendre service à de nombreux admirateurs de Proust.

  2. Ce site est précieux, grand-grand merci : clair, structuré, très complet, riche de références discrètes, on voyage dans La Recherche … sans jamais qu’affleurent les boursouflures et le sectarisme des dévots.

  3. Je sorts de la recherche , perché sur mes echasses du temps
    Entammée en novembre dernier , cette lecture fut nocturne , sur une tablette, pouvant naviguer du texte à votre site .
    Trente ans apres un premier tour , des reminiscences afluaient en moi , venaient -elles de ma premiere lecture ou du Temps mis en perspective dans l’oeuvre actuellement lue?
    C’est la magie de ce texte ce dialogue permanent du narateur et du lecteur
    Du singulier à l’universel.
    Merci pour votre compagnonage

  4. Merci pour votre travail : cela m’aide beaucoup , je fais partie des nombreux candidats préparant l’agrégation de lettres modernes et le temps retrouvé fait partie du corpus de littérature comparée.
    Bravo !

  5. bouffon de marcel prout
    A cause de lui je dois me taper ces délire en oral blanc
    Son oeuvre est juste un délire demusurée en 7 tome
    Il ne mérite pas de figurée parmis les plus grand auteurs français

    • A l’oral vous avez peut-être une chance mais attention à l’écrit. Huit fautes d’orthographe en quelques mots, c’est beaucoup pour un candidat bachelier!
      Bonne chance tout de même.
      AV

        • Alors, voilà le corrigé de votre message. Tout compte fait, ça fait un peu plus que huit fautes…

          « Bouffon de Marcel Proust !
          À cause de lui, je dois me taper ces (ou « ses »?) délires en oral blanc.
          Son œuvre est juste un délire démesuré en 7 tomes
          Il ne mérite pas de figurer parmi les plus grands auteurs français. »

  6. Merci beaucoup pour ces recherches et ce travail minutieux qui va m’aider à préparer l’un de mes partiels de licence 3 de Lettres Modernes! Votre travail est génial! Parfait!

    Merci encore 🙂

  7. Votre travail est génial! C’est un fil conducteur qui aide les lecteurs à se retrouver dans le dédale des personnages et des situations.
    Merci beaucoup!

  8. Merci beaucoup pour votre précieux et minutieux travail sur l’oeuvre de Marcel Proust. Tout cela m’aide énormément à tout saisir à propos de ces œuvres littéraires que je trouve particulièrement complexes mais que je dois tout de même étudier en cours.

  9. Je suis une espagnole qui vit à Boston depuis trois ans. Ironiquement, c’est ici aux États-Unis que j’ai pu consacrer plus de temps à mon amour pour la langue française, notamment en participant à un groupe de lecture sur Marcel Proust. Votre site Web est un trésor, une ressource inestimable. Je n’ai pas de mots pour le remercier pour tout ce que nous avons appris grâce à son travail extraordinaire. Un millón de gracias!

  10. J’ai débuté la « Recherche » plein de doutes. Je m’accroche avec plaisir et termine le t.2. Votre site est un un très beau travail qui m’accompagne au fil de ma lecture. Merci aux autres lecteurs pour leurs commentaires. Bien vous, Michel.

  11. Merci pour votre travail précieux, indispensable point de repère pour ne pas s’égarer (ou pour retrouver rapidement la bonne route) dans les milles ruisseaux de l’écriture de Proust, et qui permet donc de jouir d’une œuvre très importante pour la découverte de soi-même mais qui démeure toujours difficile à maîtriser.

  12. Bonjour!

    Le texte censé se trouver dans le volume du Journal des Goncourt prété par Gilberte au narrateur dans Le Temps retrouvé, et où l’on retrouve les Verdurin, Swann, Elstir…est un pastiche, n’est-ce-pas?

  13. Quelle surprise de découvrir que vous n’avez pas apprécié ce pastiche ! J’ai failli caler dans ma lecture de La Recherche à cause de ce déroutant pastiche. Et puis je suis retournée vers votre site et l’appétit m’est revenu.
    Dès le premier tome, sans votre accompagnement, je me serais certainement perdue au milieu de tous les personnages. Gratitude et admiration pour la beauté de votre propre oeuvre.

  14. Les illustrations sont désastreuses, elles enlaidissent votre joli texte…
    mais tant pis ! et merci encore
    et bonne continuation.

    • Je reconnais bien volontiers que ces dessins sont durs mais ils illustrent bien la description faite par Marcel Proust dans « Le temps retrouvé ».
      Le Narrateur a dû s’absenter durant plusieurs années pour se soigner et, de retour à Paris, il retrouve ses anciennes connaissances lors d’une réception chez le prince de Guermantes et la princesse (qui n’est autre que Mme Verdurin).
      Voici quelques extraits des portraits qu’il fait de certaines d’entre elles :

      A ce point de vue le plus extraordinaire de tous était mon ennemi personnel, M. d’Argencourt, le véritable clou de la matinée. Non seulement au lieu de sa barbe à peine poivre et sel, il s’était affublé d’une extraordinaire barbe d’une invraisemblable blancheur, mais encore, tant de petits changements matériels pouvant rapetisser, élargir un personnage et bien plus changer son caractère apparent, sa personnalité, c’était un vieux mendiant qui n’inspirait plus aucun respect qu’était devenu cet homme dont la solennité, la raideur empesée était encore présente à mon souvenir, et il donnait à son personnage de vieux gâteux, une telle vérité, que ses membres tremblotaient, que les traits détendus de sa figure habituellement hautaine, ne cessaient de sourire avec une niaise béatitude. Poussé à ce degré, l’art du déguisement devient quelque chose de plus, une transformation. En effet, quelques riens avaient beau me certifier que c’était bien M. d’Argencourt qui donnait ce spectacle inénarrable et pittoresque, combien d’états successifs d’un visage ne me fallait-il pas traverser si je voulais retrouver celui du d’Argencourt que j’avais connu, et qui était tellement différent de lui-même, tout en n’ayant à sa disposition que son propre corps. C’était évidemment la dernière extrémité où il avait pu le conduire sans en crever ; le plus fier visage, le torse le plus cambré n’était plus qu’une loque en bouillie agitée de ci de là.

      Une jeune femme que j’avais connue autrefois, maintenant blanche et tassée en petite vieille maléfique, semblait indiquer qu’il est nécessaire que dans le divertissement final d’une pièce les êtres fussent travestis à ne pas les reconnaître.

      Chez certains êtres le remplacement successif, mais accompli en mon absence, de chaque cellule par d’autres avait amené un changement si complet, une si entière métamorphose que j’aurais pu dîner cent fois en face d’eux dans un restaurant, sans me douter plus que je les avais connus autrefois que je n’aurais pu deviner la royauté d’un souverain incognito ou le vice d’un inconnu.

      Certains hommes boitaient dont on sentait bien que ce n’était pas par suite d’un accident de voiture, mais à cause d’une attaque et parce qu’ils avaient déjà comme on dit un pied dans la tombe. Dans l’entrebâillement de la leur, à demi paralysées, certaines femmes comme Mme de Franquetot, semblaient ne pas pouvoir retirer complètement leur robe restée accrochée à la pierre du caveau, et elles ne pouvaient se redresser, infléchies qu’elles étaient, la tête basse, en une courbe qui était comme celle qu’elles occupaient actuellement entre la vie et la mort, avant la chute dernière. Rien ne pouvait lutter contre le mouvement de cette parabole qui les emportait et dès qu’elles voulaient se lever, elles tremblaient et leurs doigts ne pouvaient rien retenir.
      Certaines figures sous la cagoule de leurs cheveux blancs avaient déjà la rigidité, les paupières scellées de ceux qui vont mourir et leurs lèvres agitées d’un tremblement perpétuel semblaient marmonner la prière des agonisants.

      etc.

  15. La blogueuse Kamila du blog Stories by Kamila a rencontre Pierre-Pascal notre librairie Le Temps Retrouve cet ete. Elle a redige un article tres interessant sur la litterature francaise et sa perception a l etranger.

  16. Merci beaucoup pour cette website très utile. C’était une vrai « guide » pour moi pendant lire la recherche!

  17. Merci beaucoup pour tous ces résumés détaillés qui m’ont aidé à me retrouver dans toutes ces péripéties , dans tous ces personnages de « la recherche ».Pour les personnes qui aimeraient aborder cette « cathédrale littéraire », je conseillerais d’abord la lecture « d’un amour de Swann », ou il y a déjà les analyses de la passion, de la jalousie, et la description des réunions et soirées, chez les Verdurin dans ce tome.En plus , chronologiquement, c’est le début puisque çà se passe quelques années avant le début à Combray. Puis, je commencerais par les parties 1 et 3 de « du coté de chez Swann ». J’ai un peu « calé » lors du 4è volume (SG), mais la suite est tellement belle que çà vaut le coup de persévérer.

  18. Site passionnant pour les amateurs de littérature.
    Un grand merci à vous pour ce partage de qualité. Je suis très touchée.
    Marie

  19. Ce site est magnifique! Oserais-je dire que venant de perdre mon épouse après 53 ans d’amour et de vie commune , je n’ai pu m’empêcher de faire un rapprochement avec le temps retrouvé. Je veux dire que le changement brutal du cours de la vie du fait du décès serait en quelque sorte la guerre et le monde différent qui en est la conséquence. dans la Recherche. Cela ne m’incline pas tant à me réfugier dans le passé qu’à fortement relativiser certaines choses . Merci

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