Le bain d’Albertine

Photo S de B Albertine

Quand Albertine savait par Françoise que, dans la nuit de ma chambre aux rideaux encore fermés, je ne dormais pas, elle ne se gênait pas pour faire un peu de bruit, en se baignant, dans son cabinet de toilette. Alors, souvent, au lieu d’attendre une heure plus tardive, j’allais dans une salle de bains contiguë à la sienne et qui était agréable. Jadis, un directeur de théâtre dépensait des centaines de mille francs pour consteller de vraies émeraudes le trône où la diva jouait un rôle d’impératrice. Les ballets russes nous ont appris que de simples jeux de lumières prodiguent, dirigés là où il faut, des joyaux aussi somptueux et plus variés. Cette décoration, déjà plus immatérielle, n’est pas si gracieuse pourtant que celle par quoi, à huit heures du matin, le soleil remplace celle que nous avions l’habitude d’y voir quand nous ne nous levions qu’à midi. Les fenêtres de nos deux salles de bains, pour qu’on ne pût nous voir du dehors, n’étaient pas lisses, mais toutes froncées d’un givre artificiel et démodé. Le soleil tout à coup jaunissait cette mousseline de verre, la dorait et, découvrant doucement en moi un jeune homme plus ancien, qu’avait caché longtemps l’habitude, me grisait de souvenirs, comme si j’eusse été en pleine nature devant des feuillages dorés où ne manquait même pas la présence d’un oiseau. Car j’entendais Albertine siffler sans trêve :

Les douleurs sont des folles,

Et qui les écoute est encor plus fou.

Je l’aimais trop pour ne pas joyeusement sourire de son mauvais goût musical. Cette chanson, du reste, avait ravi, l’été passé, Mme Bontemps, laquelle entendit dire bientôt que c’était une ineptie, de sorte que, au lieu de demander à Albertine de la chanter, quand elle avait du monde, elle y substitua :

Une chanson d’adieu sort des sources troublées,

qui devint à son tour « une vieille rengaine de Massenet, dont la petite nous rebat les oreilles « .

Une nuée passait, elle éclipsait le soleil, je voyais s’éteindre et rentrer dans une grisaille le pudique et feuillu rideau de verre.

Les cloisons qui séparaient nos deux cabinets de toilette (celui d’Albertine, tout pareil, était une salle de bains que maman, en ayant une autre dans la partie opposée de l’appartement, n’avait jamais utilisée pour ne pas me faire de bruit) étaient si minces que nous pouvions parler tout en nous lavant chacun dans le nôtre, poursuivant une causerie qu’interrompait seulement le bruit de l’eau, dans cette intimité que permet souvent à l’hôtel l’exiguïté du logement et le rapprochement des pièces, mais qui, à Paris, est si rare. (Pris 10/4)

Une réflexion sur « Le bain d’Albertine »

  1. Au risque de voir froncer les sourcils à d’aucuns, voire de faire ruer certains dans les brancards, je voudrais me hasarder à donner une interprétation plus qu’audacieuse à ce passage du soi-disant bain d’Albertine, lequel à mon sens ne se réfère ni au bain d’Albertine, ni au Narrateur, ni à un appartement bourgeois somptueux qui comprendrait quelque trois salles de bain, mais aux ablutions d’un certain Alfred Agostinelli narrés non par le Narrateur mais par l’auteur lui-même, lesquels se déroulent dans l’appartement haussmannien de troisième catégorie du 102 boulevard Haussmann à Paris.

    Tout cela, dira-t-on, exige, des justifications. Tout le monde s’accorde pour reconnaître que le modèle principal sur lequel fut calqué le personnage d’Albertine fut Alfred Agostinelli. Ceci étant dit, il convient de préciser qu’avant qu’Albertine ne devint Albertine, elle prit forme aussi tôt qu’en 1909 sous la forme d’une certaine Maria et que comme tous les personnages de la Recherche, elle s’inspira tantôt des traits de personnages réels aussis bigarrés que Colette d’Alton, Marie Finaly, Marie de Chevilly, Louisa de Mornand, Albert Nahmias, Albert Le Cuziat, Henri Rochat, Marie Nordlinger et certes Alfred Agostinelli. Toutefois, compte tenu du fait que le personnage d’Albertine commence à apparaître dans les Jeunes Filles et se manifeste tout au long de cinq des sept romans, la grande difficulté consiste à déterminer à quel moment précis l’Albertine des premiers romans devient Albertine-Alfred, cette Albertine que Proust a voulu à jamais immortaliser.

    Car précision que si Proust a tenu à immortaliser Alfred Agostinelli, c’est qu’indépendamment de la mort de sa mère qui en 1905 a cruellement marqué son existence, celui de la mort d’Alfred en 1914 a laissé en lui des stigmates plus profondes encore au sens où jamais il n’eut l’occasion de faire le deuil de son compagnon (Alfred est mort tragiquement à mille kilomètres de Paris et les préjugés sociaux n’auraient jamais toléré qu’un grand bourgeois rende un tel hommage à un « domestique »).

    Dans la préface de ces remarquables chroniques, on suggère que Proust, peut-être par « erreur », se serait « laissé aller » à écrire son prénom à plusieurs reprises et que ce serait par négligence qu’il aurait omis de corriger cette « erreur ». Nous sommes terriblement consternés de lire une telle proposition. Proust ne fait JAMAIS de telles « erreurs » dans sa Recherche, surtout des « erreurs » de taille aussi monumentales. Il lui arrive, certes, de faire mourir ses personnages deux fois (Bergotte ou le Dr Cottard), non par « erreur », mais parce que les passages ont été refondus maintes fois.

    Si à cet endroit crucial de la Recherche, Proust décide de révéler l’identité de son Narrateur et de faire en sorte que celle-ci coincide avec sa propre identité (il le précise d’ailleurs), c’est parce qu’il veut que le lecteur (tout au moins certains lecteurs) sache qu’à ce moment précis il prend la place de son Narrateur et Alfred prend la place d’Albertine (d’où le passage du « vous » au « tu » dans ce passage-clé).

    Cela ne veut certes pas dire qu’à partir de ce moment-là, Albertine sera toujours Alfred : lorsqu’elle parade dans des robes de Fortuny ou des accessoires de toilettes, elle demeure Albertine, mais dans d’autres scènes, Albertine s’estompe, comme dans la scène du bain qui nous concerne pour laisser la place à Alfred.

    Revenons à cette scène du bain d’Albertine. La Narrateur réside alors dans l’appartement bourgeois de ses parents qui comprend non pas deux salles de bain mais trois, y compris celle de sa mère « dans la partie opposée de l’appartement ». Cette situation « sanitaire » était complètement invraisemblable à la fin du 19è siècle. Que l’on en juge d’après les deux très grands appartements haussmanniens qu’ont occupés les parents de Proust de 1871 à 1900 boulevard Malhesherbes, puis de 1900 à 1900 à 1906 rue de Courcelles : des immeubles somptueux avec balons, corniches, cariatides, balustrades, rotondes, ascenseur, quartiers pour domestiques, escaliers des maîtres, escaliers de service, innombrables pièces et dépendances, lingeries, débarras, MAIS une seule salle de bain.La princesse Mathilde et la princesse Bibescon entre autres, habitaient le même immeuble que les Proust rue de Courcelles et pour des appartements de quelque trois cents mètres carrés ne jouissaient pas d’un confort sanitaire supérieur à celui que l’on vient de décrire. C’est dire que même si ces appartements comportaient plus d’une quinzaine de pièces, ils n’avaient pour toute installation sanitaire qu’une salle d’eau très sommaire (n’ayant rien à voir avec la salle de bain de Jacob Delafon que l’on voit sur l’illustration jouxtant « le bain d’Albertine ») et un water closet indépendant.

    L’appartement où se déroule la scène du « bain d’Albertine », où « les cloisons qui séparaient nos deux cabinets de toilette…étaient si minices que nous pouvions parler tout en nous lavant chacun dans le nôtre…. » n’est autre que celui qu’occupait Proust au 102 boulevard Haussmann. L’immeuble était un immeuble haussmannien de troisième catégorie sobre, c’est à dire avec une façade sans balcons ni fioritures, avec une porte cochère, une entrée principale et une entrée de service, un ascenseur, des appartements de taille modeste (au plus 160m2). IL n’y avait qu’un seul appartement à chaque étage, dont trois pièces qui donnaient sur le bd Haussmann, le petit salon, le grand salon et la chambre de Marcel. Sur la cour donnaient l’autre chambre, la salle à manger, le vestibule et l’ascenseur. Sur la gauche, un très étroit couloir menait au quartier des domestiques qui se composait d’une chambre exiguë, de l’office, de la cuisine et de l’escalier de service.

    Le détail le plus intéressant est que selon Céleste Albaret, la gouvernante de Proust, il n’y avait qu’une seule arrivée d’eau courante dans tout l’appartement qui était dans la cuisine. C’est dire qu’il n’y avait pas de salle de bain ni de salle d’eau et que Céleste, chaque jour, devait procurer à Marcel une vingtaine de serviettes chaudes pour qu’il puisse faire sa toilette. IL y avait une toilette jouxtant la chambre de Marcel. Les domestiques devaient faire usage de toilettes à la turque dans la cour ou sous les toits.

    Au début de 1913 (on se souvient qu’en 1907 et 1908, Proust avait engagé par l’intermédiaire de son ami Jacques Bizet les services des Taxis Unic pour lui procurer des chauffeurs à Cabourg. Afred Agostinelli et Proust firent de nombreuses excursions dans la campagne normande en 1907), après un long hiatus de cinq ans, Alfred refit surface pour venir offrir ses services bd Haussmann en tant que « secrétaire ». Proust, abasourdi et envoûté par la spectaculaire métamorphose tant physique qu’intellectuelle de son ancien chauffeur de Cabourg (analogue à celle d’Albertine dans la Recherche) l’engagea (avec sa compagne qu’Agostinelli lui avait présentée comme son « épouse »). Il leur offrit de les héberger non pas sous les combles, comme des domestiques, mais dans la chambre du quartier des maîtres qui était à l’arrière de la sienne et qui donnait sur la cour.

    Avant qu’Alfred et Anna Square (sa compagne) n’emménagent, comme la chambre qui donnait sur la cour était de bien plus grande taille qu’une chambre de domestiques, Proust fit ériger une cloison sommaire de manière à se réserver une partie de la pièce qui fut convertie en « cabinet de toilette » où (selon Céleste Albaret) on installa un « beau bain de pied en émail blanc ».

    Bien évidemment, dans la chambre d’Alfred et d’Anna, le « sanitaire » se résumait à un broc, une cuvette et un seau d’aisances. Ainsi, si l’on remet les choses dans leur juste perspective, on doit imaginer Alfred faisant à grands gestes ses ablutions tout en siflant « sans trêve » la chanson LeBiniou que selon George Painter (page 661) « sans aucun doute c’est Agostinelli que Proust entendit fredonner Les douleurs sont des folles », et celui qui est de l’autre côté de la cloison est Proust lui-même, qui bien sûr se garde bien de parler mais l’oreille collée au mur, le coeur battant, écoute son Alfred, s’aspergeant, à moitié nu… en train de roucouler…

    Au risque de voir froncer les sourcils à d’aucuns, voire de faire ruer certains dans les brancards, je voudrais me hasarder à donner une interprétation plus qu’audacieuse à ce passage du soi-disant bain d’Albertine, lequel à mon sens ne se réfère ni au bain d’Albertine, ni au Narrateur, ni à un appartement bourgeois somptueux qui comprendrait quelque trois salles de bain, mais aux ablutions d’un certain Alfred Agostinelli narrés non par le Narrateur mais par l’auteur lui-même, lesquels se déroulent dans l’appartement haussmannien de troisième catégorie du 102 boulevard Haussmann à Paris.

    Tout cela, dira-t-on, exige, des justifications. Tout le monde s’accorde pour reconnaître que le modèle principal sur lequel fut calqué le personnage d’Albertine fut Alfred Agostinelli. Ceci étant dit, il convient de préciser qu’avant qu’Albertine ne devint Albertine, elle prit forme aussi tôt qu’en 1909 sous la forme d’une certaine Maria et que comme tous les personnages de la Recherche, elle s’inspira tantôt des traits de personnages réels aussis bigarrés que Colette d’Alton, Marie Finaly, Marie de Chevilly, Louisa de Mornand, Albert Nahmias, Albert Le Cuziat, Henri Rochat, Marie Nordlinger et certes Alfred Agostinelli. Toutefois, compte tenu du fait que le personnage d’Albertine commence à apparaître dans les Jeunes Filles et se manifeste tout au long de cinq des sept romans, la grande difficulté consiste à déterminer à quel moment précis l’Albertine des premiers romans devient Albertine-Alfred, cette Albertine que Proust a voulu à jamais immortaliser.

    Car précision que si Proust a tenu à immortaliser Alfred Agostinelli, c’est qu’indépendamment de la mort de sa mère qui en 1905 a cruellement marqué son existence, celui de la mort d’Alfred en 1914 a laissé en lui des stigmates plus profondes encore au sens où jamais il n’eut l’occasion de faire le deuil de son compagnon (Alfred est mort tragiquement à mille kilomètres de Paris et les préjugés sociaux n’auraient jamais toléré qu’un grand bourgeois rende un tel hommage à un « domestique »).

    Dans la préface de ces remarquables chroniques, on suggère que Proust, peut-être par « erreur », se serait « laissé aller » à écrire son prénom à plusieurs reprises et que ce serait par négligence qu’il aurait omis de corriger cette « erreur ». Nous sommes terriblement consternés de lire une telle proposition. Proust ne fait JAMAIS de telles « erreurs » dans sa Recherche, surtout des « erreurs » de taille aussi monumentales. Il lui arrive, certes, de faire mourir ses personnages deux fois (Bergotte ou le Dr Cottard), non par « erreur », mais parce que les passages ont été refondus maintes fois.

    Si à cet endroit crucial de la Recherche, Proust décide de révéler l’identité de son Narrateur et de faire en sorte que celle-ci coincide avec sa propre identité (il le précise d’ailleurs), c’est parce qu’il veut que le lecteur (tout au moins certains lecteurs) sache qu’à ce moment précis il prend la place de son Narrateur et Alfred prend la place d’Albertine (d’où le passage du « vous » au « tu » dans ce passage-clé).

    Cela ne veut certes pas dire qu’à partir de ce moment-là, Albertine sera toujours Alfred : lorsqu’elle parade dans des robes de Fortuny ou des accessoires de toilettes, elle demeure Albertine, mais dans d’autres scènes, Albertine s’estompe, comme dans la scène du bain qui nous concerne pour laisser la place à Alfred.

    Revenons à cette scène du bain d’Albertine. La Narrateur réside alors dans l’appartement bourgeois de ses parents qui comprend non pas deux salles de bain mais trois, y compris celle de sa mère « dans la partie opposée de l’appartement ». Cette situation « sanitaire » était complètement invraisemblable à la fin du 19è siècle. Que l’on en juge d’après les deux très grands appartements haussmanniens qu’ont occupés les parents de Proust de 1871 à 1900 boulevard Malhesherbes, puis de 1900 à 1900 à 1906 rue de Courcelles : des immeubles somptueux avec balons, corniches, cariatides, balustrades, rotondes, ascenseur, quartiers pour domestiques, escaliers des maîtres, escaliers de service, innombrables pièces et dépendances, lingeries, débarras, MAIS une seule salle de bain.La princesse Mathilde et la princesse Bibescon entre autres, habitaient le même immeuble que les Proust rue de Courcelles et pour des appartements de quelque trois cents mètres carrés ne jouissaient pas d’un confort sanitaire supérieur à celui que l’on vient de décrire. C’est dire que même si ces appartements comportaient plus d’une quinzaine de pièces, ils n’avaient pour toute installation sanitaire qu’une salle d’eau très sommaire (n’ayant rien à voir avec la salle de bain de Jacob Delafon que l’on voit sur l’illustration jouxtant « le bain d’Albertine ») et un water closet indépendant.

    L’appartement où se déroule la scène du « bain d’Albertine », où « les cloisons qui séparaient nos deux cabinets de toilette…étaient si minices que nous pouvions parler tout en nous lavant chacun dans le nôtre…. » n’est autre que celui qu’occupait Proust au 102 boulevard Haussmann. L’immeuble était un immeuble haussmannien de troisième catégorie sobre, c’est à dire avec une façade sans balcons ni fioritures, avec une porte cochère, une entrée principale et une entrée de service, un ascenseur, des appartements de taille modeste (au plus 160m2). IL n’y avait qu’un seul appartement à chaque étage, dont trois pièces qui donnaient sur le bd Haussmann, le petit salon, le grand salon et la chambre de Marcel. Sur la cour donnaient l’autre chambre, la salle à manger, le vestibule et l’ascenseur. Sur la gauche, un très étroit couloir menait au quartier des domestiques qui se composait d’une chambre exiguë, de l’office, de la cuisine et de l’escalier de service.

    Le détail le plus intéressant est que selon Céleste Albaret, la gouvernante de Proust, il n’y avait qu’une seule arrivée d’eau courante dans tout l’appartement qui était dans la cuisine. C’est dire qu’il n’y avait pas de salle de bain ni de salle d’eau et que Céleste, chaque jour, devait procurer à Marcel une vingtaine de serviettes chaudes pour qu’il puisse faire sa toilette. IL y avait une toilette jouxtant la chambre de Marcel. Les domestiques devaient faire usage de toilettes à la turque dans la cour ou sous les toits.

    Au début de 1913 (on se souvient qu’en 1907 et 1908, Proust avait engagé par l’intermédiaire de son ami Jacques Bizet les services des Taxis Unic pour lui procurer des chauffeurs à Cabourg. Afred Agostinelli et Proust firent de nombreuses excursions dans la campagne normande en 1907), après un long hiatus de cinq ans, Alfred refit surface pour venir offrir ses services bd Haussmann en tant que « secrétaire ». Proust, abasourdi et envoûté par la spectaculaire métamorphose tant physique qu’intellectuelle de son ancien chauffeur de Cabourg (analogue à celle d’Albertine dans la Recherche) l’engagea (avec sa compagne qu’Agostinelli lui avait présentée comme son « épouse »). Il leur offrit de les héberger non pas sous les combles, comme des domestiques, mais dans la chambre du quartier des maîtres qui était à l’arrière de la sienne et qui donnait sur la cour.

    Avant qu’Alfred et Anna Square (sa compagne) n’emménagent, comme la chambre qui donnait sur la cour était de bien plus grande taille qu’une chambre de domestiques, Proust fit ériger une cloison sommaire de manière à se réserver une partie de la pièce qui fut convertie en « cabinet de toilette » où (selon Céleste Albaret) on installa un « beau bain de pied en émail blanc ».

    Bien évidemment, dans la chambre d’Alfred et d’Anna, le « sanitaire » se résumait à un broc, une cuvette et un seau d’aisances. Ainsi, si l’on remet les choses dans leur juste perspective, on doit imaginer Alfred faisant à grands gestes ses ablutions tout en siflant « sans trêve » la chanson LeBiniou que selon George Painter (page 661) « sans aucun doute c’est Agostinelli que Proust entendit fredonner Les douleurs sont des folles », et celui qui est de l’autre côté de la cloison est Proust lui-même, qui bien sûr se garde bien de parler mais l’oreille collée au mur, le coeur battant, écoute son Alfred, s’aspergeant, à moitié nu… en train de roucouler…

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