Bloch (Soeurs)

Bloch et ses soeurs

Dessin de Agranska Krolik

Nombre de citations du personnage dans chacun des sept livres de la Recherche

Total

Swann

JF

Guer

SG

Pris

Fug

TR

17

 

11

 

6

Les sœurs de Bloch, ami du narrateur, dont on ne connaît ni le nombre ni les prénoms vouent une admiration entière pour leur frère qui aime plaisanter avec elles et leur tient un langage surprenant (1). Extrêmement mal élevées et excentriques elles éprouvent du plaisir à s’habiller de façon choquante et ont à Balbec une très mauvaise réputation. Le narrateur ne les apprécie pas à tel point qu’il a honte de les présenter à son entourage. On note une certaine forme d’antisémitisme dans les remarques d’Albertine, d’Andrée et de certaines de leurs amies lorsqu’elles parlent de la famille Bloch (2).

A noter qu’il y a parfois confusion entre une des sœurs de Bloch et sa cousine Esther, auxquelles l’auteur prête les mêmes aventures saphiques avec la comédienne Léa (3).

(1) Mon camarade en avait davantage encore auprès de ses soeurs qu’il ne cessait d’interpeller sur un ton bougon, en enfonçant sa tête dans son assiette, il les faisait ainsi rire aux larmes. Elles avaient d’ailleurs adopté la langue de leur frère qu’elles parlaient couramment, comme si elle eût été obligatoire et la seule dont pussent user des personnes intelligentes. Quand nous arrivâmes, l’aînée dit à une de ses cadettes : « Va prévenir notre père prudent et notre mère vénérable. » « Chiennes, leur dit Bloch, je vous présente le cavalier Saint-Loup, aux javelots rapides qui est venu pour quelques jours de Doncières aux demeures de pierre polie, féconde en chevaux. » Comme il était aussi vulgaire que lettré, le discours se terminait d’habitude par quelque plaisanterie moins homérique : « Voyons, fermez un peu vos peplos aux belles agrafes, qu’est-ce que c’est que ce chichi-là ? Après tout c’est pas mon père ! » Et les demoiselles Bloch s’écroulaient dans une tempête de rires. (JF 770/336)
(2) Souvent nous rencontrions les sœurs de Bloch que j’étais obligé de saluer depuis que j’avais dîné chez leur père. Mes amies ne les connaissaient pas. « On ne me permet pas de jouer avec des israélites », disait Albertine. La façon dont elle prononçait israélite au lieu d’izraélite aurait suffi à indiquer, même si on n’avait pas entendu le commencement de la phrase, que ce n’était pas de sentiments de sympathie envers le peuple élu qu’étaient animées ces jeunes bourgeoises, de familles dévotes, et qui devaient croire aisément que les juifs égorgeaient les enfants chrétiens. « Du reste, elles ont un sale genre, vos amies », me disait Andrée avec un sourire qui signifiait qu’elle savait bien que ce n’était pas mes amies. « Comme tout ce qui touche à la tribu », répondait Albertine sur le ton sentencieux d’une personne d’expérience. A vrai dire les sœurs de Bloch, à la fois trop habillées et à demi-nues, l’air languissant, hardi, fastueux et souillon ne produisaient pas une impression excellente. (JF 903/464)
(3) Et une de leurs cousines qui n’avait que quinze ans scandalisait le casino par l’admiration qu’elle affichait pour Mlle Léa, dont M. Bloch père prisait très fort le talent d’actrice, mais que son goût ne passait pas pour porter surtout du côté des messieurs. (JF 903/464)

La sœur de Bloch avait depuis quelque temps, avec une ancienne actrice, des relations secrètes qui bientôt ne leur suffirent plus. Etre vues leur semblait ajouter de la perversité à leur plaisir, elles voulaient faire baigner leurs dangereux ébats dans les regards de tous. (SG 842/236)

 

 

 

 

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