Bloch (Albert)

d’après Agranska Krolik

Nombre de citations du personnage dans chacun des sept livres de la Recherche

Total

Swann

JF

Guer

SG

Pris

Fug

TR

403

12

89

149

40

24

12

77

Modèles possibles : Horace Finaly, camarade de classe de Marcel Proust au Lycée Condorcet ; Fernand Gregh, poète et critique littéraire, membre de l’Académie Française ; Vanderem, auteur dramatique et romancier, Horace Finaly, Pierre Quillard.

Le narrateur a pour camarade Albert Bloch, un peu plus âgé que lui et pour lequel il a une grande admiration. Particulièrement insolent, Bloch déplaît à la famille du narrateur où il deviendra persona non grata (1). C’est Bloch qui amène le narrateur pour la première fois dans une maison de passe (2) où il rencontre  Rachel qui deviendra l’amie de Saint-Loup.

Le jeune homme peut être successivement attentionné et capable de grandes gentillesse puis devenir subitement mal élevé et détestable (3). Résolument dreyfusard, il sonde M. de Norpois pour connaître sa position sur  l’affaire mais celui-ci en bon diplomate ne satisfait en rien sa curiosité (4).

Pendant la guerre Bloch se montre patriote et nationaliste jusqu’au jour où il est reconnu bon pour le service, il fait tout pour se faire exempter et devient dès lors antimilitariste (5).

Sur le tard, après de longue années d’absence, le narrateur retrouve Bloch qui a renié ses origines juives et se fait désormais appeler Jacques du Rozier (6). Il a cessé de fréquenter ses anciens milieux, court les salons huppés et connaît un succès littéraire certain auprès de certaines personnes (7)..

(1)
« Mais, monsieur Bloch, quel temps fait-il donc, est-ce qu’il a plu ? Je n’y comprends rien, le baromètre était excellent. »
Il n’en avait tiré que cette réponse :
« Monsieur, je ne puis absolument vous dire s’il a plu. Je vis si résolument en dehors des contingences physiques que mes sens ne prennent pas la peine de me les notifier. »
« Mais, mon pauvre fils, il est idiot ton ami, m’avait dit mon père quand Bloch fut parti. Comment ! il ne peut même pas me dire le temps qu’il fait ! Mais il n’y a rien de plus intéressant ! C’est un imbécile.
Puis Bloch avait déplu à ma grand’mère parce que, après le déjeuner comme elle disait qu’elle était un peu souffrante, il avait étouffé un sanglot et essuyé des larmes. (Swann 92/159)
(2) Ce fut vers cette époque que Bloch bouleversa ma conception du monde, ouvrit pour moi des possibilités nouvelles de bonheur (qui devaient du reste se changer plus tard en possibilités de souffrance), en m’assurant que contrairement à ce que je croyais au temps de mes promenades du côté de Méséglise, les femmes ne demandaient jamais mieux que de faire l’amour. Il compléta ce service en m’en rendant un second que je ne devais apprécier que beaucoup plus tard : ce fut lui qui me conduisit pour la première fois dans une maison de passe. (JF 575/145)
(3) Bloch était mal élevé, névropathe, snob et appartenant à une famille peu estimée supportait comme au fond des mers les incalculables pressions que faisaient peser sur lui non seulement les chrétiens de la surface mais les couches superposées des castes juives supérieures à la sienne, chacune accablant de son mépris celle qui lui était immédiatement inférieure. (JF 744/311)
(4) Bloch ne put arriver à le faire parler de la question de la culpabilité de Dreyfus ni donner un pronostic sur le jugement qui interviendrait dans l’affaire civile actuellement en cours. En revanche M. de Norpois parut prendre plaisir à donner des détails sur les suites de ce jugement. (Guer 243/233)
(5) Mais Bloch avait complètement changé d’avis sur la guerre quelques jours après où il vint me voir affolé. Quoique « myope », il avait été reconnu bon pour le service. (TR 739/45)
(6) J’eus de la peine à le reconnaître. D’ailleurs, il avait pris maintenant non seulement un pseudonyme, mais le nom de Jacques du Rozier, sous lequel il eût fallut le flair de mon grand-père pour reconnaître la douce vallée de l’Hébron et les chaînes d’Israël que mon ami semblait avoir définitivement rompues. Un chic anglais avait en effet complètement transformé sa figure et passé au rabot tout ce qui se pouvait effacer. Les cheveux jadis bouclés, coiffés à plat avec une raie au milieu brillaient de cosmétique. (TR 952/235)
(7) Bloch pendant la guerre avait cessé de « sortir »,  de fréquenter ses anciens milieux d’autrefois où il faisait piètre figure. En revanche, il n’avait cessé de publier de ces ouvrages dont je m’efforçais aujourd’hui, pour ne pas être entravé par elle, de détruire l’absurde sophistique, ouvrages sans originalité, mais qui donnaient aux jeunes gens et à beaucoup de femmes de monde l’impression d’une hauteur intellectuelle peu commune, d’une sorte de génie. (TR 958/264)

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

7 réflexions sur « Bloch (Albert) »

  1. One needs to add the fairly crucial encounter between the narrator and Bloch toward the end of Sodom and Gomorrah, in which, as the result of a misunderstanding brought about by the narrator’s jealousy, he and Bloch are driven toward a permanent social rupture.

  2. It’s totally match with Arthur Meyer’s wrong decision (dreyfusard but monarchist)

    le personnage est certainement inspiré par la vie trépidante d’Arthur Meyer

  3. UN JUIF ANTISÉMITE ?

    1 Un jour que nous étions assis sur le sable, Saint-Loup et moi, nous entendîmes d’une tente de toile contre laquelle nous étions, sortir des imprécations contre le fourmillement d’Israélites qui infestait Balbec. « On ne peut faire deux pas sans en rencontrer, disait la voix. Je ne suis par principe irréductiblement hostile à la nationalité juive, mais ici il y a pléthore. On n’entend que « Dis donc, Apraham, « chai fu Chakop. On se croirait rue d’Aboukir. » L’homme qui tonnait ainsi contre Israël sortit enfin de la tente, nous levâmes les yeux sur cet antisémite. C’était mon camarade Bloch. À l’ombre des jeunes filles en fleurs p 738 « La Pléiade » édition Clarac, Ferré 1954

    2 « Tu ne peux t’imaginer ma douleur quand je pense à toi, reprit Bloch. Au fond, c’est un côté assez juif chez moi », ajouta-t-il ironiquement en rétrécissant sa prunelle comme s’il s’agissait de doser au microscope une quantité infinitésimale de « sang juif » et comme aurait pu le dire (mais ne l’eût pas dit) un grand seigneur français qui parmi ses ancêtres tous chrétiens eût pourtant compté Samuel Bernard ou plus anciennement encore la Sainte Vierge de qui prétendent descendre, dit-on, les Lévy…J’aime assez, ajouta-t-il, faire ainsi dans mes sentiments la part, assez mince d’ailleurs, qui peut tenir à mes origines juives. « À l’ombre des jeunes filles en fleurs » p 746 La Pléiade édition Clarac, Ferré 1954

    • Non un juif honteux converti au christianisme de facade pour réussir son entrée dans le Monde et les hautes sphères ou il est bon ton de reprocher aux juifs ce peuple si étrange, la mort du Christ, alors il veut montrer patte blanche plus encore que celle de on oppresseur

      • C’est bien dit, c’est vrai que contrairement à un véritable antisémite, il agit par intérêt et pas par conviction. Il n’en demeure pas moins que ses paroles sont antisémites.

    • C’est bien dit, c’est vrai que contrairement à un véritable antisémite, il agit par intérêt et pas par conviction. Il n’en demeure pas moins que ses paroles sont antisémites.
      Merci pour ces extraits ils éclairent mieux le personnage.

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