Père (du narrateur)

Père de Proust… et du narrateur

Nombre de citations du personnage dans chacun des sept livres de la Recherche

Total

Swann

JF

Guer

SG

Pris

Fug

TR

275

84

88

63

22

15

3

Diplomate de haut rang, homme froid et distant qui par pudeur a tendance à cacher sa sensibilité derrière une attitude glaciale. On ne saura jamais rien de ses origines.

La mère du narrateur éprouve une admiration sans borne pour son mari (1)  mais le narrateur  le juge parfois excessivement sévère (2), cependant il  l’admire volontiers et pense qu’il est capable de résoudre de nombreux problèmes, peut-être même de lui permettre de rencontrer la duchesse de Guermantes (3).

Mme Sazerat, une vieille amie de la famille du Narrateur leur bat froid, elle croit à l’innocence de Dreyfus et elle a appris que le père du Narrateur est résolument antidreyfusard (4).

Parfois le narrateur devenu adulte se surprend à considérer  qu’il a hérité de son père d’une grande sensibilité caché sous une froideur glaciale (5).

(1)
Mon père haussait les épaules et il examinait le baromètre, car il aimait la météorologie, pendant que ma mère, évitant de faire du bruit pour ne pas le troubler, le regardait avec un respect attendri, mais pas trop fixement pour ne pas chercher à percer le mystère de ses supériorités. (Swann 10/188)
(2)
Et mon père, qui ne gardait pas aussi scrupuleusement que ma grand’mère et que ma mère la foi des traités, dit : « Oui, allons, vas te coucher. » Je voulus embrasser maman, à cet instant on entendit la cloche du dîner. « Mais non, voyons, laisse ta mère, vous vous êtes assez dit bonsoir comme cela, ces manifestations sont ridicules. Allons, monte ! » Et il me fallut partir sans viatique. (Swann 27/79)
(3)
Parfois je comptais sur mon père pour arranger cela. Il était si puissant, si en faveur auprès des gens en place qu’il arrivait à nous faire transgresser les lois que Françoise m’avait appris à considérer comme plus inéluctables que celles de la vie et de la mort, à faire retarder d’un an pour notre maison, seule de tout le quartier, les travaux de « ravalement », à obtenir du ministre pour le fils de Mme Sazerat qui voulait aller aux eaux, l’autorisation qu’il passât le baccalauréat deux mois d’avance, dans la série des candidats dont le nom commençait par un A au lieu d’attendre le tour des S. Si j’étais tombé gravement malade, si j’avais été capturé par des brigands, persuadé que mon père avait trop d’intelligences avec les puissances suprêmes, de trop irrésistibles lettres de recommandation auprès du bon Dieu, pour que ma maladie ou ma captivité pussent être autre chose que de vains simulacres sans danger pour moi, j’aurais attendu avec calme l’heure inévitable du retour à la bonne réalité, l’heure de la délivrance ou de la guérison. (Swann 173/259)
(4)
Or de tous temps mes parents accordaient et inspiraient à Mme Sazerat l’estime la plus profonde. Mais (ce que ma mère ignorait) Mme Sazerat, seule de son espèce à Combray, était dreyfusarde. Mon père, ami de M. Méline, était convaincu de la culpabilité de Dreyfus. Il avait envoyé promener avec mauvaise humeur des collègues qui lui avaient demandé de signer une liste révisionniste. Il ne me reparla pas de huit jours quand il apprit que j’avais suivi une ligne de conduite différente. Ses opinions étaient connues. On n’était pas loin de le traiter de nationaliste. (Guer 152/144))
(5)

Et pour ma grand’mère et ma mère, il était trop visible que leur sévérité pour moi était voulue par elles, et même leur coûtait, mais peut-être, chez mon père lui-même, la froideur n’était-elle qu’un aspect extérieur de sa sensibilité ? Car c’est peut-être la vérité humaine de ce double aspect : aspect du côté de la vie intérieure, aspect du côté des rapports sociaux, qu’on exprimait dans ces mots, qui me paraissaient autrefois aussi faux dans leur contenu que pleins de banalité dans leur forme, quand on disait en parlant de mon père : « Sous sa froideur glaciale, il cache une sensibilité extraordinaire ; ce qu’il a surtout, c’est la pudeur de sa sensibilité.  » (Pris 109/100)

 

 

 

10 réflexions sur « Père (du narrateur) »

  1. Je pense qu’il y a eu une petite étourderie: la 4ème citation est la même que la 5ème. Il me semble que d’après ce qui précède, vous vouliez citer le passage que vous avez cité aussi à Madame Sazerat: (Guer 151/143). Cordialement.

    • En effet, vous avez raison et je corrige. Merci pour votre contribution à l’amélioration de la qualité de ce site.
      Cordialement

  2. Bonjour,
    Au début de À l’ombre des jeunes filles en fleurs, il est mentionné que le père du narrateur travaille à la « Commission ». Pouvez-vous me dire de quelle institution il s’agit ?
    Merci d’avance.

    • Le père du Narrateur et son ami M. de Norpois sont tous deux diplomates et ont l’occasion de se rencontrer fréquemment dans le cadre de leurs activités dans un service du ministère des affaires étrangères qu’il appellent « la Commission » mais j’ignore les particularités de cette commission.
      Désolé

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