Ambassadrice de Turquie

Dessin de Agranska Krolik

Nombre de citations du personnage dans chacun des sept livres de la Recherche

Total

Swann

JF

Guer

SG

Pris

Fug

TR

14

   

9

5

     

Elle est prête à toutes les bassesses pour se faire inviter dans le grand monde. Douée d’une certaine forme d’intelligence, elle arrive à mémoriser une multitude de détails sur les sujets les plus divers pour pouvoir briller au cours des soirées mais son jugement assez approximatif l’amène fréquemment à dire des sottises et à faire courir des rumeurs totalement infondées (1). Cette habitude d’énoncer des contre vérités évidentes avec beaucoup d’aplomb déplaît au narrateur, en particulier le jour où l’ambassadrice lui recommande de se méfier du duc de Guermantes qui aimerait les hommes, affirmation grotesque s’agissant d’un homme aimant aussi passionnément les femmes (2).

(1) Dévorée d’ambition mondaine et douée d’une réelle intelligence assimilatrice, elle apprenait avec la même facilité l’histoire de la retraite des Dix mille ou la perversion sexuelle chez les oiseaux. Il aurait été impossible de la prendre en faute sur les plus récents travaux allemands, qu’ils traitassent d’économie politique, des vésanies, des diverses formes de l’onanisme, ou de la philosophie d’Epicure. C’était du reste une femme dangereuse à écouter, car, perpétuellement dans l’erreur, elle vous désignait comme des femmes ultra-légères d’irréprochables vertus, vous mettait en garde contre un monsieur animé des intentions les plus pures, et racontait de ces histoires qui semblent sortir d’un livre, non à cause de leur sérieux, mais de leur invraisemblance. (Guer 534/517)
(2) De sorte que la conversation retourna aux généalogies, cependant que l’imbécile ambassadrice de Turquie me soufflait à l’oreille : « Vous avez l’air d’être très bien dans les papiers du duc de Guermantes, prenez garde », et comme je demandais l’explication : « Je veux dire, vous comprendrez à demi-mot, que c’est un homme à qui on pourrait confier sans danger sa fille, mais non son fils. » Or, si jamais homme au contraire aima passionnément et exclusivement les femmes, ce fut bien le duc de Guermantes. (Guer 539/522)

 

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