Gilberte

d’après Bern Soupre

Nombre de citations du personnage dans chacun des sept livres de la Recherche

Total

Swann

JF

Guer

SG

Pris

Fug

TR

703

100

284

11

22

23

126

137

Modèles possibles : Marie de Bénardaky, amie de Proust ; Jeanne Pouquet devenue Mme Armand de Caillavet.

Elle est la fille de Charles Swann et d’Odette de Crécy.

Le Narrateur enfant a entendu parler à plusieurs reprises de Gilberte et rêve de faire sa connaissance. Durant un séjour à Combray, au cours d’une promenade, il aperçoit la petite fille pour la première fois avec sa mère. Le souvenir de cette rencontre restera gravé dans son esprit (1).

Un peu plus tard, de retour à Paris, on emmène fréquemment le Narrateur se promener sur les contre-allées des Champs Elysées où il aperçoit souvent Gilberte qui vient y jouer avec ses amies. Il finit par faire sa connaissance (2) et son amour naissant pour elle se confirme. Mais il ne se satisfait plus des rencontres et des jeux aux Champs-Elysées et déploie beaucoup d’efforts pour être invité chez elle, mais en vain. Pourtant, un jour, alors qu’il ne s’y attend plus, une lettre lui parvient, il est invité chez les Swann à un goûter (3). Dès lors il se rend régulièrement chez Gilberte passer des après-midi (4) et, comble de bonheur il est pleinement accepté par ses parents aussi finit-il par participer avec assiduité aux nombreuses activités de la famille (5). Inconsciemment le narrateur devient peu à peu amoureux d’Odette, la mère de Gilberte (6). Peut-être en raison de la trop grande fréquence des visites du Narrateur, Gilberte finit par éprouver une certaine lassitude et  ne se prive pas de lui faire comprendre par  des remarques répétées et une attitude plus distante mais la réconciliation intervient et le Narrateur multiplie les présents qu’il pait avec le produit de la vente d’une potiche chinoise (7). Bien plus tard, le Narrateur apprendra de la bouche de la femme de chambre de Gilberte que la jeune fille aimait un jeune homme qu’elle voyait beaucoup plus souvent qu’elle ne le voyait lui-même (8).

Les relations entre les jeunes gens se dégradent de jour en jour. Gilberte se conduit comme une enfant gâtée. Après un échange de lettres, les deux jeunes gens décident de ne plus se voir mais le Narrateur en est profondément affecté (9). Cette brouille ne l’empêche pas de rendre visite à la Mme Swann lorsqu’il sait que la jeune fille est absente (10). Il l’aime toujours et continue de souffrir de cette séparation et rêve parfois qu’elle va l’implorer de lui revenir. En attendant les deux jeunes échangent des lettres. Peu à peu la situation semble s’améliorer et le jour même où le narrateur se rend chez elle les bras chargés de cadeaux en vue d’une réconciliation, il aperçoit dans la rue la jeune fille au bras d’un jeune homme (11).

Quelques années après, le narrateur retrouve Gilberte qui porte désormais le nom  de Forcheville. En effet la mère de la jeune fille, Odette, a perdu son mari Charles Swann et a épousé le comte de Forcheville et Gilberte a souhaité prendre le nom de son beau-père (12).  Très fortunée, Gilberte est devenue un beau parti et est désormais reçue dans les salons du Faubourg Saint Germain. Même la duchesse de Guermantes qui a toujours refusé de la recevoir accepte maintenant le principe d’une rencontre (13). Gilberte devient très snob et fait preuve d’ingratitude vis-à-vis de sa famille d’origine juive allant même jusqu’à feindre de ne pas connaître certains de ses membres (14). Elle épouse Robert de Saint-Loup le meilleur ami du Narrateur (15). Par ce mariage, elle entre de plain-pied dans ce milieu aristocrate dans lequel son père Swann avait de son vivant essayé de l’introduire mais sans succès. Mais curieusement elle se lasse de ces nouvelles relations du Faubourg Saint-Germain et cesse peu à peu de les fréquenter (16). Le mariage avec Robert de Saint-Loup n’est pas heureux. Le Narrateur qui a renoué des relations amicales avec Gilberte apprend que son mari la trompe (17). Malgré l’attitude odieuse de Saint-Loup le ménage tient toujours cahin-caha. Gilberte connaît-elle les penchants de son mari pour les hommes ? En tout cas elle feint de les ignorer (18).

Sur le tard, Gilberte apprend au Narrateur que, petite fille, elle aurait aimé partager avec lui les jeux parfois équivoques organisés par Théodore avec des jeunes enfants de Combray (19).

Après la mort de Robert pendant la guerre, Gilberte continue de lui garder de l’estime (20). Elle deviendra l’amie inséparable d’Andrée (21).

 

Question :

Gilberte est-elle devenue à la fin de sa vie duchesse de Guermantes ?

C’est ce qu’affirme l’auteur à deux reprises. Dans la Fugitive (La Pléiade, édition 1961, page 669,) on peut lire : En tout cas, Gilberte n’était que depuis peu de temps marquise de Saint-Loup (et bientôt après, comme on le verra, duchesse de Guermantes)… puis quelques lignes plus loin, page 670 : …sans doute ne songent-ils pas à rechercher les causes de l’accident qui fit de Mlle Swann Mlle de Forcheville, et de Mlle de Forcheville la marquise de Saint-Loup, puis la duchesse de Guermantes.
Nous n’avons pas trouvé de confirmation de ces assertions dans la suite de la Recherche.

Toute information à ce sujet sera la bienvenue.

AV

(1)

Une fillette d’un blond roux qui avait l’air de rentrer de promenade et tenait à la main une bêche de jardinage, nous regardait, levant son visage semé de taches roses. Ses yeux noirs brillaient et comme je ne savais pas alors, ni ne l’ai appris depuis, réduire en ses éléments objectifs une impression forte, comme je n’avais pas, ainsi qu’on dit, assez « d’esprit d’observation » pour dégager la notion de leur couleur, pendant longtemps, chaque fois que je repensai à elle, le souvenir de leur éclat se présentait aussitôt à moi comme celui d’un vif azur, puisqu’elle était blonde : de sorte que, peut-être si elle n’avait pas eu des yeux aussi noirs,—ce qui frappait tant la première fois qu’on la voyait—je n’aurais pas été, comme je le fus, plus particulièrement amoureux, en elle, de ses yeux bleus.(Swann 140/219).

« Allons, Gilberte viens ; qu’est-ce que tu fais, cria d’une voix perçante et autoritaire une dame en blanc que je n’avais pas vue… (Swann 141220)

(2) Retournerait-elle seulement aux Champs-Elysées ? Le lendemain elle n’y était pas ; mais je l’y vis les jours suivants ; je tournais tout le temps autour de l’endroit où elle jouait avec ses amies, si bien qu’une fois où elles ne se trouvèrent pas en nombre pour leur partie de barres, elle me fit demander si je voulais compléter leur camp, et je jouai désormais avec elle chaque fois qu’elle était là. Mais ce n’était pas tous les jours ; il y en avait où elle était empêchée de venir par ses cours, le catéchisme, un goûter, toute cette vie séparée de la mienne que par deux fois, condensée dans le nom de Gilberte, j’avais senti passer si douloureusement près de moi, dans le raidillon de Combray et sur la pelouse des Champs-Elysées. (Swann 395/534)
(3)  « Mon cher ami, disait la lettre, j’ai appris que vous aviez été très souffrant et que vous ne veniez plus aux Champs-Elysées. Moi je n’y vais guère non plus parce qu’il y a énormément de malades. Mais mes amies viennent goûter tous les lundis et vendredis à la maison. Maman me charge de vous dire que vous nous feriez très grand plaisir en venant aussi dès que vous serez rétabli, et nous pourrions reprendre à la maison nos bonnes causeries des Champs-Elysées. Adieu, mon cher ami, j’espère que vos parents vous permettront de venir très souvent goûter, et je vous envoie toutes mes amitiés. Gilberte. » (JF 500/71)
(4) Alors je connus cet appartement d’où dépassait jusque dans l’escalier le parfum dont se servait Mme Swann, mais qu’embaumait bien plus encore le charme particulier et douloureux qui émanait de la vie de Gilberte. (JF 503/74)
(5) Ce ne fut pas seulement à ces goûters, à cause desquels j’avais eu autrefois la tristesse de voir Gilberte me quitter et rentrer plus tôt, que désormais je pris part, mais les sorties qu’elle faisait avec sa mère, soit pour aller en promenade ou à une matinée, et qui en l’empêchant de venir aux Champs-Elysées m’avaient privé d’elle, les jours où je restais seul le long de la pelouse ou devant les chevaux de bois, ces sorties maintenant M. et Mme Swann m’y admettaient, j’avais une place dans leur landau et même c’était à moi qu’on demandait si j’aimais mieux aller au théâtre, à une leçon de danse chez une camarade de Gilberte, à une réunion mondaine chez des amies des Swann (ce que celle-ci appelait « un petit meeting ») ou visiter les tombeaux de Saint-Denis. (JF 525/96)
(6) Au Jardin d’Acclimatation, que j’étais fier quand nous étions descendus de voiture de m’avancer à côté de Mme Swann ! Tandis que dans sa démarche nonchalante elle laissait flotter son manteau, je jetais sur elle des regards d’admiration auxquels elle répondait coquettement par un long sourire. (JF 540/111)
(7)

d’après Agranska Krolik

Ce qui m’aida à patienter tout l’espace d’une journée fut un projet que je fis. Du moment que tout était oublié, que j’étais réconcilié avec Gilberte, je ne voulais plus la voir qu’en amoureux. Tous les jours elle recevrait de moi les plus belles fleurs qui fussent. Et si Mme Swann, bien qu’elle n’eût pas le droit d’être une mère trop sévère, ne me permettait pas des envois de fleurs quotidiens, je trouverais des cadeaux plus précieux et moins fréquents. Mes parents ne me donnaient pas assez d’argent pour acheter des choses chères. Je songeai à une grande potiche de vieux Chine qui me venait de ma tante Léonie et dont maman prédisait chaque jour que Françoise allait venir en lui disant : « A s’est décollée » et qu’il n’en resterait rien. Dans ces conditions n’était-il pas plus sage de la vendre, de la vendre pour pouvoir faire tout le plaisir que je voudrais à Gilberte. Il me semblait que je pourrais bien en tirer mille francs. Je la fis envelopper ; l’habitude m’avait empêché de jamais la voir : m’en séparer eut au moins un avantage qui fut de me faire faire sa connaissance. Je l’emportai avec moi avant d’aller chez les Swann, et en donnant leur adresse au cocher, je lui dis de prendre, par les Champs-Elysées, au coin desquels était le magasin d’un grand marchand de chinoiseries que connaissait mon père. A ma grande surprise, il m’offrit séance tenante de la potiche non pas mille, mais dix mille francs. (JF 622/192)

(8) J’appris que, quand j’allais tous les jours chez Gilberte, elle aimait un jeune homme qu’elle voyait beaucoup plus que moi. J’en avais eu un instant le soupçon à cette époque, et même j’avais alors interrogé cette même femme de chambre. Mais comme elle savait que j’étais épris de Gilberte, elle avait nié, juré que jamais Mlle Swann n’avait vu ce jeune homme. Mais maintenant, sachant que mon amour était mort depuis si longtemps, que depuis des années j’avais laissé toutes ses lettres sans réponse – et peut-être aussi parce qu’elle n’était plus au service de la jeune fille – d’elle-même elle me raconta tout au long l’épisode amoureux que je n’avais pas su. (Pris 134/125)
(9) A cette acceptation, je finis pourtant par arriver : alors je compris qu’elle devait être définitive et je renonçai pour toujours à Gilberte, dans l’intérêt même de mon amour, et parce que je souhaitais avant tout qu’elle ne conservât pas de moi un souvenir dédaigneux. (JF 589/159)
(10) D’ailleurs si je m’arrangeais toujours, avant d’aller chez Mme Swann, à être certain de l’absence de sa fille, cela tenait peut-être autant qu’à ma résolution d’être brouillé avec elle, à cet espoir de réconciliation qui se superposait à ma volonté de renoncement (bien peu sont absolus, au moins d’une façon continue, dans cette âme humaine dont une des lois, fortifiée par les afflux inopinés de souvenirs différents, est l’intermittence) et me masquait ce qu’elle avait de trop cruel. (JF 591/161)
(11) Quand je fus remonté dans la voiture en quittant le marchand, le cocher, tout naturellement, comme les Swann demeuraient près du Bois, se trouva, au lieu du chemin habituel, descendre l’avenue des Champs-Elysées. Il avait déjà dépassé le coin de la rue de Berri, quand, dans le crépuscule, je crus reconnaître, très près de la maison des Swann mais allant dans la direction inverse et s’en éloignant, Gilberte qui marchait lentement, quoique d’un pas délibéré à côté d’un jeune homme avec qui elle causait et duquel je ne pus distinguer le visage. (JF 623/192)
(12)

Vous ne vous souvenez pas que vous m’avez beaucoup connue autrefois, … vous veniez à la maison, … votre amie Gilberte. J’ai bien vu que vous ne me reconnaissiez pas. Moi je vous ai bien reconnu tout de suite.…

…Après la mort de Swann, Odette, qui étonna tout le monde par une douleur profonde, prolongée et sincère, se trouvait être une veuve très riche. Forcheville l’épousa, après avoir entrepris une longue tournée de châteaux et s’être assuré que sa famille recevrait sa femme. (Cette famille fit quelques difficultés, mais céda devant l’intérêt de ne plus avoir à subvenir aux dépenses d’un parent besogneux qui allait passer d’une quasi-misère à l’opulence.) Peu après, un oncle de Swann, sur la tête duquel la disparition successive de nombreux parents avait accumulé un énorme héritage, mourut, laissant toute cette fortune à Gilberte qui devenait ainsi une des plus riches héritières de France. (Fug 574/155)

(13) Mais comme vous voudrez, que voulez-vous que ça me fasse ? Je ne vois aucun inconvénient à ce que nous connaissions cette petite. Vous savez bien que je n’ai jamais rien eu contre elle. (Fug 579/160)
(14) Je [Duchesse de Guermantes] ne saurais même pas vous expliquer qui c’est, vous ne la connaissez certainement pas, elle s’appelle Lady Rufus Israël.  »Gilberte rougit vivement :  » Je ne la connais pas, dit-elle (ce qui était d’autant plus faux que Lady Israël s’était, deux ans avant la mort de Swann, réconciliée avec lui et qu’elle appelait Gilberte par son prénom), mais je sais très bien, par d’autres, qui est la personne que vous voulez dire.  » C’est que Gilberte était devenue très snob. C’est ainsi qu’une jeune fille ayant un jour, soit méchamment, soit maladroitement, demandé quel était le nom de son père, non pas adoptif mais véritable, dans son trouble et pour dénaturer un peu ce qu’elle avait à dire, elle avait prononcé au lieu de Souann, Svann, (Fug 584/165)
(15) Cependant j’avais reconnu l’écriture de Gilberte sur l’enveloppe que je venais de prendre dans mon portefeuille. Je l’ouvris. Gilberte m’annonçait son mariage avec Robert de Saint-Loup. (Fug 673/235)
(16) Elle [Gilberte]se mit à afficher son mépris pour ce qu’elle avait tant désiré, à déclarer que tous les gens du faubourg Saint-Germain étaient idiots, infréquentables, et, passant de la parole à l’action, cessa de les fréquenter. (Fug 669/249)
(17) J’avais appris que Gilberte était malheureuse, trompée par Robert, mais pas de la manière que tout le monde croyait, que peut-être elle-même croyait encore, qu’en tout cas elle disait. (Fug 677/257)
(18) Saint-Loup, lui, savait commander. Il était assis à côté de Gilberte – déjà grosse – (il ne devait pas cesser par la suite de lui faire des enfants) comme il couchait à côté d’elle dans leur lit commun à l’hôtel. Il ne parlait qu’à sa femme, le reste de l’hôtel n’avait pas l’air d’exister pour lui, mais, au moment où un garçon prenait une commande, était tout près, il levait rapidement ses yeux clairs et jetait sur lui un regard qui ne durait pas plus de deux secondes, mais dans sa limpide clairvoyance semblait témoigner d’un ordre de curiosités et de recherches entièrement différent de celui qui aurait pu animer n’importe quel client regardant même longtemps un chasseur ou un commis pour faire sur lui des remarques humoristiques ou autres qu’il communiquerait à ses amis. (Fug 680/260)
(19) Moi je vous aimais. Et même deux fois je me suis jetée à votre tête. – Quand donc ? – La première fois à Tansonville, vous vous promeniez avec votre famille, je rentrais, je n’avais jamais vu un aussi joli petit garçon. J’avais l’habitude, ajouta-t-elle d’un air vague et pudique, d’aller jouer avec de petits amis, dans les ruines du donjon de Roussainville. Et vous me direz que j’étais bien mal élevée, car il y avait là dedans des filles et des garçons de tout genre, qui profitaient de l’obscurité. L’enfant de chœur de l’église de Combray, Théodore qui, il faut l’avouer, était bien gentil (Dieu qu’il était bien !) et qui est devenu très laid (il est maintenant pharmacien à Méséglise), s’y amusait avec toutes les petites paysannes du voisinage. Comme on me laissait sortir seule, dès que je pouvais m’échapper j’y courais. Je ne peux pas vous dire comme j’aurais voulu vous y voir venir » je me rappelle très bien que, n’ayant qu’une minute pour vous faire comprendre ce que je désirais, au risque d’être vue par vos parents et les miens je vous l’ai indiqué d’une façon tellement crue que j’en ai honte maintenant. (TR 693/ 274)
(20) Dans toute cette conversation, Gilberte m’avait parlé de Robert avec une déférence qui semblait plus s’adresser à mon ancien ami qu’à son époux défunt. Elle avait l’air de me dire : « Je sais combien vous l’admiriez. Croyez bien que j’ai su comprendre l’être supérieur qu’il était ». Et pourtant l’amour que certainement elle n’avait plus pour son souvenir était peut-être encore la cause lointaine de particularités de sa vie actuelle. (TR 983/289)
(21) Ainsi Gilberte avait maintenant pour amie inséparable Andrée. Quoique celle-ci commençât, surtout à la faveur du talent de son mari et de sa propre intelligence, à pénétrer non pas certes dans le milieu des Guermantes, mais dans un monde infiniment plus élégant que celui qu’elle fréquentait jadis, on fut  étonné que la marquise de Saint-Loup condescendît à devenir sa meilleure amie.(TR 983/289)

7 réflexions sur « Gilberte »

  1. Tout d’abord bravo pour ce travail colossal !
    Je suis un peu paumé sur Gilberte: sait-on comment elle devient Duchesse de Guermantes, (ce que j’ai également lu dans la Recherche) ? Epouse-t-elle Basin après la mort d’Oriane? Et qui était le dernier amant de sa mère?
    Bien à vous.

    • bonjour,
      De mémoire, Gilberte ne devient pas Duchesse de Guermantes. Elle devient Madame de Saint-Loup, ayant épousé Robert de Saint Loup. Et devient donc par cette alliance la nièce d’Oriane de Guermantes. Laquelle ne goutte pas particulièrement cette parenté nouvelle.

      cordialement

  2. Il semble bien qu’une fois de plus Proust se soit « pris les pieds » dans ses « paperolles ». Si on lit le texte de près Gilberte n’est jamais devenue Duchesse de Guermantes. Par contre par son mariage avec Saint-Loup (un Guermantes) elle est rentrée dans la mouvance Guermantes. Réalisant ainsi la fusion jugée impossible par la narrateur entre le côté de Swann et le côté de Guermantes.
    A la fin du Temps retrouvé le duchesse de Guermantes (Oriane) tient au narrateur des propos très acerbes sur Gilberte. Elle est donc bien en vie. Quelques pages plus tard Gilberte apparaît pour la dernière fois en présentant sa fille (qu’elle a eue de Saint-Loup) au narrateur.
    Dans l’index des noms cités de mon édition de la Pléiade à la page 1217 il est dit à propos de Gilberte devenue Duchesse de Guermantes « sur ce dernier point, l’indication donnée par Proust n’est pas expliquée dans l’état actuel du texte où aucune allusion n’est faite à la mort d’Oriane »

  3. Votre travail est absolument remarquable et j’aimerai l’utiliser car les personnages apparaissent et disparaissent à des centaines de pages (un peu comme Dostoieski) J’ai l’édition quarto et j’ai compare avec vos citations des la première apparition du Baron Charlus et Gilberte (Page 219-220). Dans mon édition Quarto c’et la page 119. Or il existe de méthodes de calcul élaborée par Baptiste Mélès (convertissur de pagination sur le Web). D’après ces calculs c’est non pas la page 119 mais la page 182. Alors j’aimerai que vous me donniez votre avis car actuellement je suis un peu perdu. De toute façon je me servirai de votre précieux travail. IL existe un travail un peu similaire intitulé Personagens (portugais)

    • Merci pour votre message. Concernant la méthode Mélès, je ne la connais pas et j’avoue ne pas savoir vous aider dans le problème que vous rencontrez.
      Bien cordialement
      AV

  4. Il n’y a pas de passage automatique possible d’une édition à l’autre. D’une part le texte n’est pas tout à fait le même, il existe des différences, des blocs entiers sont déplacés. Il me semble malgré tout que tout le texte se retrouve. D’autre part il existe des différences entre les éditions en volumes.
    Cependant il est assez facile, pour un lecteur ayant lu deux ou trois fois l’ensemble, de retrouver les citations en les recherchant une par une.
    Je signale par exemple qu’ayant écouté la version audio j’ai pu rétablir les différences et les retrouver dans le texte Quarto.
    Par contre chaque fois que j’ai voulu rechercher par les proportionnalités cela fut bien plus difficile, long et fastidieux.

  5. GILBERTE (et une et deux et trois !)
    Il est vrai que Gilberte était fille unique, mais il y avait au moins deux Gilberte. Les deux natures, de son père et de sa mère, ne faisaient pas que se mêler en elle ; elles se la disputaient, et encore ce serait parler inexactement et donner à supposer qu’une troisième Gilberte souffrait pendant ce temps-là d’être la proie des deux autres. Or, Gilberte était tour à tour l’une et puis l’autre, et à chaque moment rien de plus que l’une, c’est-à-dire incapable, quand elle était moins bonne, d’en souffrir, la meilleure Gilberte ne pouvant alors, du fait de son absence momentanée, constater cette déchéance. Aussi la moins bonne des deux était-elle libre de se réjouir de plaisirs peu nobles. Quand l’autre parlait avec le cœur de son père, elle avait des vues larges, on aurait voulu conduire avec elle une belle et bienfaisante entreprise, on le lui disait, mais au moment où l’on allait conclure, le cœur de sa mère avait déjà pris son tour ; et c’est lui qui vous répondait ; et on était déçu et irrité -presque intrigué comme devant une substitution de personne- par une réflexion mesquine, un ricanement fourbe, où Gilberte se complaisait, car ils sortaient de ce qu’elle-même était à ce moment-là. L’écart était même parfois tellement grand entre les deux Gilberte qu’on se demandait, vainement du reste, ce qu’on avait pu lui faire pour la trouver si différente. Le rendez-vous qu’elle vous avait proposé non seulement elle n’y était pas venue et ne s’excusait pas ensuite, mais, qu’elle fût l’influence qui eût pu faire changer sa détermination, elle se montrait si différente ensuite qu’on aurait cru que, victime d’une ressemblance comme celle qui fait le fond des « Ménechmes », 1 on n’était pas devant la personne qui vous avait si gentiment demandé à vous voir, si elle ne vous eût témoigné une mauvaise humeur qui décelait qu’elle se sentait en faute et désirait éviter les explications.
    1 Comédie de Plaute (quiproquos dus à la ressemblance de deux frères jumeaux)
    « À la recherche du temps perdu « Edition La Pléiade 1954 (Clarac et Ferré) Tome I p 565 et 566

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *