Léonie

Léonie tante-RTante Léonie vue par David Richardson

Nombre de citations du personnage dans chacun des sept livres de la Recherche

Total

Swann

JF

Guer

SG

Pris

Fug

TR

41

21

6

1

 

7

3

3

Modèle : la tante de Marcel, Elisabeth Proust, femme de Jules Amiot.

Léonie ou Mme Octave est la fille de la grand-tante du narrateur, la cousine germaine de sa mère et la veuve de l’oncle Octave. Elle est donc la tante du Narrateur et non pas sa grand-tante comme le dit parfois par erreur Marcel Proust.

Malade plus ou moins imaginaire, elle ne quitte plus sa chambre d’où elle peut suivre de son lit, avec la plus grande attention, toutes les allées et venues du village (1).

Tante Léonie ne reçoit que très peu de personnes hors Eulalie, la boiteuse active et sourde, et le curé de Combray. Elle n’aime pas les gens qui mettent en doute la gravité de sa maladie et lui recommandent de prendre sur elle, de sortir et de manger. Elle n’apprécie pas davantage ceux qui s’apitoient sur son sort et la considèrent comme plus malade qu’elle n’est (2).  Le dimanche, elle donne à son neveu un bout de madeleine trempé dans du thé, gâterie qui sera à l’origine, bien des années après, du jaillissement du premier souvenir du narrateur. (3).

Très comédienne, elle abuse de la patience de Françoise (4). Possessive et parfois même calculatrice, elle n’hésite pas à imaginer une promenade pour contrarier un projet de sortie de Françoise (5).

Elle va faire mentir les mauvaises langues qui la soupçonnaient d’être un malade imaginaire en mourant assez rapidement. Françoise va s’occuper d’elle jusqu’au dernier jour avec beaucoup d’abnégation  (6). Elle lègue la plus grande partie de ses biens et de sa fortune liquide au narrateur (7).

(1) La cousine de mon grand-père, ma grand’tante, chez qui nous habitions, était la mère de cette tante Léonie qui, depuis la mort de son mari, mon oncle Octave, n’avait plus voulu quitter, d’abord Combray, puis à Combray sa maison, puis sa chambre, puis son lit et ne « descendait » plus, toujours couchée dans un état incertain de chagrin, de débilité physique, de maladie, d’idée fixe et de dévotion. (Swann 49/106)
(2) Ma tante avait peu à peu évincé tous les autres visiteurs parce qu’ils avaient le tort à ses yeux de rentrer tous dans l’une ou l’autre des deux catégories de gens qu’elle détestait. Les uns, les pires et dont elle s’était débarrassée les premiers, étaient ceux qui lui conseillaient de ne pas « s’écouter » et professaient, fût-ce négativement et en ne la manifestant que par certains silences de désapprobation ou par certains sourires de doute, la doctrine subversive qu’une petite promenade au soleil et un bon bifteck saignant (quand elle gardait quatorze heures sur l’estomac deux méchantes gorgées d’eau de Vichy !) lui feraient plus de bien que son lit et ses médecines. L’autre catégorie se composait des personnes qui avaient l’air de croire qu’elle était plus gravement malade qu’elle ne pensait, était aussi gravement malade qu’elle le disait…… les uns comme les autres, étaient sûrs de ne plus jamais être reçus. (Swann 69/131)
(3) Et tout d’un coup le souvenir m’est apparu. Ce goût celui du petit morceau de madeleine que le dimanche matin à Combray (parce que ce jour-là je ne sortais pas avant l’heure de la messe), quand j’allais lui dire bonjour dans sa chambre, ma tante Léonie m’offrait après l’avoir trempé dans son infusion de thé ou de tilleul. (Swann 46/103)
(4)
— »Madame Octave, je vous laisse reposer, vous avez l’air beaucoup fatiguée. »Et ma tante ne répondait même pas, exhalant un soupir qui semblait devoir être le dernier, les yeux clos, comme morte. Mais à peine Françoise était-elle descendue que quatre coups donnés avec la plus grande violence retentissaient dans la maison et ma tante, dressée sur son lit, criait :
— »Est-ce qu’Eulalie est déjà partie ? Croyez-vous que j’ai oublié de lui demander si Mme Goupil était arrivée à la messe avant l’élévation ! Courez vite après elle ! »  (Swann 108/180)
(5) Quand ma tante Léonie apprenait par Eulalie que Françoise, sûre que sa maîtresse ne sortirait jamais plus, avait manigancé en secret quelque sortie que ma tante devait ignorer, celle-ci, la veille, faisait semblant de décider qu’elle essayerait le lendemain d’une promenade. (Pris 353/339)
(6) Si le temps était mauvais dès le matin, mes parents renonçaient à la promenade et je ne sortais pas. Mais je pris ensuite l’habitude d’aller, ces jours-là, marcher seul du côté de Méséglise-la-Vineuse, dans l’automne où nous dûmes venir à Combray pour la succession de ma tante Léonie, car elle était enfin morte, faisant triompher à la fois ceux qui prétendaient que son régime affaiblissant finirait par la tuer, et non moins les autres qui avaient toujours soutenu qu’elle souffrait d’une maladie non pas imaginaire mais organique, à l’évidence de laquelle les sceptiques seraient bien obligés de se rendre quand elle y aurait succombé ; et ne causant par sa mort de grande douleur qu’à un seul être, mais à celui-là, sauvage. Pendant les quinze jours que dura la dernière maladie de ma tante, Françoise ne la quitta pas un instant, ne se déshabilla pas, ne laissa personne lui donner aucun soin, et ne quitta son corps que quand il fut enterré. (Swann 153/235)
(7) Ma tante Léonie m’avait fait héritier en même temps que de beaucoup d’objets et de meubles fort embarrassants, de presque toute sa fortune liquide — révélant ainsi après sa mort une affection pour moi que je n’avais guère soupçonnée pendant sa vie. (JF 454/25)

 

 

Une réflexion sur « Léonie »

  1. Correction : La mère de Léonie est la cousine germaine du grand-père du narrateur. Elle est également la tante à la mode de Bretagne du père du narrateur.
    Le père du narrateur et Léonie sont petits-cousins ou cousins issus de germains.
    Léonie et le narrateur sont donc cousins.

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