Bontemps (Madame)

Bontemps Mme xMme Bontemps d’après David Richardson

Nombre de citations du personnage dans chacun des sept livres de la Recherche

Total

Swann

JF

Guer

SG

Pris

Fug

TR

106

 

47

5

9

14

23

8

Tante d’Albertine. Elle apparaît pour la première fois dans les « jeunes filles » alors qu’elle va voir Mme Swann et elle a la réputation de faire des visites interminables (1). Elle est la femme du chef de cabinet du ministre des Travaux publics. Elle a recueilli, mais à contre cœur, Albertine devenue orpheline et souhaiterait que la jeune fille fasse rapidement un riche mariage qui l’enrichirait un peu elle-même (2).

Gilberte Swann ne connaît Albertine que de vue et n’apprécie pas sa tante, contrairement à Swann qui lui trouve de nombreuses qualités (3).

Mme Bontemps n’a qu’une ambition, fréquenter les grandes familles du faubourg Saint-Germain et elle tend tous ses efforts pour parvenir à ses fins (4). Toujours à l’affût d’un parti pour sa nièce, elle semble apprécier son idylle avec le narrateur et elle fait savoir autour d’elle qu’elle ne serait pas hostile à un mariage des deux jeunes gens. La mère du narrateur rapporte ces propos à son fils (5).

Albertine s’est installée au domicile du narrateur dont les parents sont en voyage. Sa mère n’apprécie pas cela et s’étonne que Mme Bontemps accepte de bonne grâce cet état de fait (6).

Au cours d’une visite au narrateur, Mme Bontemps lui révèle certains détails de la vie de sa nièce qui lui laissent à penser qu’Albertine lui a menti  ce qui réveille à nouveau sa jalousie maladive (7)

Albertine quitte brutalement le narrateur et se réfugie en province chez sa tante. Le narrateur imagine un plan pour la faire revenir (8) mais alors qu’il vient d’envoyer un message désespéré à Albertine la suppliant de lui revenir, il reçoit lui-même un télégramme de Mme Bontemps qui lui annonce la mort accidentelle d’Albertine* (9).

A force de volonté et de persévérance et grâce aux efforts déployés durant des années, Mme Bontemps parviendra à tenir un des salons les plus réputés de Paris (10).

* Proust avait envisagé une fin tragique qu’il n ‘a finalement pas retenue. On trouve en effet dans le cahier 56 le texte suivant :

« Mme Bontemps femme de l’ancien sous-secrétaire d’État aux Postes qui donnait depuis quelques temps des signes de dérangement d’esprit avait été arrêtée et internée, comme elle tirait des coup de revolver sur une personne qu’elle s’obstinait à prendre pour une nièce qu’elle avait perdue depuis plusieurs années, et que dans sa folie elle s’était imaginé rencontrer. La pauvre Albertine était bien morte. »

(1) Mais non, mon trésor, qu’est-ce que diraient mes visites, j’ai encore Mme Trombert, Mme Cottard et Mme Bontemps, tu sais que chère Mme Bontemps ne fait pas des visites très courtes et elle vient seulement d’arriver. (JF 507/78)
(2) Et c’eût peut-être été invraisemblable d’une autre, mais nullement d’Albertine, sans père ni mère, menant une vie si libre qu’au début je l’avais prise à Balbec pour la maîtresse d’un coureur, ayant pour parente la plus rapprochée Mme Bontemps qui, déjà chez Mme Swann, n’admirait chez sa nièce que ses mauvaises manières et maintenant fermait les yeux, surtout si cela pouvait la débarrasser d’elle en lui faisant faire un riche mariage où un peu de l’argent irait à sa tante (Pris 48/41)
(3) Je ne la connais pas. Je la voyais seulement passer, on criait Albertine par-ci, Albertine par-là. Mais je connais Mme Bontemps, et elle ne me plaît pas non plus.Tu as le plus grand tort, elle est charmante, jolie, intelligente. Elle est même spirituelle. Je vais aller lui dire bonjour, lui demander si son mari croit que nous allons avoir la guerre, et si on peut compter sur le roi Théodose. (JF 512/83)
(4) « J’ai l’intention d’inviter ensemble les Cottard et la duchesse de Vendôme« , disait-il en riant à Mme Bontemps, de l’air friand d’un gourmet qui a l’intention et veut faire l’essai de remplacer dans une sauce, les clous de girofle par du poivre de Cayenne. Or ce projet qui allait paraître en effet plaisant, dans le sens ancien du mot, aux Cottard, avait le don d’exaspérer Mme Bontemps. Elle avait été récemment présentée par les Swann à la duchesse de Vendôme et avait trouvé cela aussi agréable que naturel. En tirer gloire auprès des Cottard, en le leur racontant, n’avait pas été la partie la moins savoureuse de son plaisir. Mais comme les nouveaux décorés qui, dès qu’ils le sont, voudraient voir se fermer aussitôt le robinet des croix, Mme Bontemps eût souhaité qu’après elle, personne de son monde à elle ne fût présenté à la princesse.(JF 521).Cependant Mme Bontemps qui avait dit cent fois qu’elle ne voulait pas aller chez les Verdurin, ravie d’être invitée aux mercredis, était en train de calculer comment elle pourrait s’y rendre le plus de fois possible. (JF 604/92)
(5) Ecoute, le président Toureuil et sa femme m’ont dit qu’ils avaient déjeuné avec Mme Bontemps. On ne m’a rien demandé. Mais j’ai cru comprendre qu’un mariage entre Albertine et toi serait le rêve de sa tante. Je crois que la vraie raison est que tu leur es à tous très sympathique. (SG 927/318)
(6) Elle ne pouvait même pas se résoudre à m’empêcher de garder provisoirement Albertine à la maison. Elle ne voulait pas se montrer plus sévère que Mme Bontemps que cela regardait avant tout et qui ne trouvait pas cela inconvenant, ce qui surprenait beaucoup ma mère. (Pris 14/8)
(7) Or un jour, Mme Bontemps était venue pour apporter quelque chose à Albertine ; je la vis un instant et lui dis qu’Albertine était sortie avec Andrée : « Elles sont allées se promener dans la campagne. – Oui, me répondit Mme Bontemps. Albertine n’est pas difficile en fait de campagne. Ainsi, il y a trois ans, tous les jours il fallait aller aux Buttes-Chaumont.  » A ce nom de Buttes-Chaumont, où Albertine m’avait dit n’être jamais allée, ma respiration s’arrêta un instant. La réalité est le plus habile des ennemis. Elle prononce ses attaques sur les points de notre cœur où nous ne les attendions pas, et où nous n’avions pas préparé de défense. Albertine avait-elle menti à sa tante, alors, en lui disant qu’elle allait tous les jours aux Buttes-Chaumont ? à moi, depuis, en me disant qu’elle ne les connaissait pas ? (Pris 388/374)
(8) Même si l’adhésion de Mme Bontemps ne suffit pas, si Albertine ne veut pas obéir à sa tante et pose comme condition de son retour qu’elle aura désormais sa pleine indépendance, eh bien ! quelque chagrin que cela me fasse, je la lui laisserai ; elle sortira seule, comme elle voudra. (Fug 421/5)
(9) Mon télégramme venait de partir que j’en reçus un. Il était de Mme Bontemps. Le monde n’est pas créé une fois pour toutes pour chacun de nous. Il s’y ajoute au cours de la vie des choses que nous ne soupçonnions pas. Ah ! ce ne fut pas la suppression de la souffrance que produisirent en moi les deux premières lignes du télégramme :  » Mon pauvre ami, notre petite Albertine n’est plus, pardonnez-moi de vous dire cette chose affreuse, vous qui l’aimiez tant. Elle a été jetée par son cheval contre un arbre pendant une promenade. Tous nos efforts n’ont pu la ranimer. Que ne suis-je morte à sa place ?  » (Fug 476/58)
(10) Un des premiers soirs dès mon nouveau retour à Paris en 1916, ayant envie d’entendre parler de la seule chose qui m’intéressait alors, la guerre, je sortis, après le dîner, pour aller voir Mme Verdurin car elle était avec Mme Bontemps une des Reines de ce Paris de la guerre qui faisait penser au Directoire. (TR 723/29)

 

 

 

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