Valet de pied d’une cousine des Cambremer

Nombre de citations dans chacun des sept livres de la Recherche

Total

Swann

JF

Guer

SG

Pris

Fug

TR

7

 

 

 

7

 

 

 

Habillé en gentilhomme, il vient dîner au Grand Hôtel de Balbec en compagnie du baron de Charlus (1). Aucun des clients du restaurant ne le remarque, seul le personnel reconnaît aussitôt en observant ses manières de se comporter, qu’il s’agit d’un des leurs (2).

(1)

J’aurais bien étonné ma mère, qui ne pouvait comprendre l’assiduité de M. de Charlus chez les Verdurin, si je lui avais raconté (précisément le jour où avait été commandée la toque d’Albertine, sans rien lui en dire et pour qu’elle en eût la surprise) avec qui M. de Charlus était venu dîner dans un salon au Grand-Hôtel de Balbec. L’invité n’était autre que le valet de pied d’une cousine des Cambremer. Ce valet de pied était habillé avec une grande élégance et, quand il traversa le hall avec le baron, il «fit homme du monde» aux yeux des touristes, comme aurait dit Saint–Loup. Même les jeunes chasseurs, les «lévites» qui descendaient en foule les degrés du temple à ce moment, parce que c’était celui de la relève, ne firent pas attention aux deux arrivants, dont l’un, M. de Charlus, tenait, en baissant les yeux, à montrer qu’il leur en accordait très peu. (SG 986/375)

(2)

En revanche, si les hommes du monde s’y trompèrent et le prirent pour un Américain très chic, à peine parut-il devant les domestiques qu’il fut deviné par eux, comme un forçat reconnaît un forçat, même plus vite, flairé à distance comme un animal par certains animaux. Les chefs de rang levèrent l’œil. Aimé jeta un regard soupçonneux. Le sommelier, haussant les épaules, dit derrière sa main, parce qu’il crut cela de la politesse, une phrase désobligeante que tout le monde entendit.

Et même notre vieille Françoise, dont la vue baissait et qui passait à ce moment-là au pied de l’escalier pour aller dîner «aux courriers», leva la tête, reconnut un domestique là où des convives de l’hôtel ne le soupçonnaient pas—comme la vieille nourrice Euryclée reconnaît Ulysse bien avant les prétendants assis au festin—et, voyant marcher familièrement avec lui M. de Charlus, eut une expression accablée, comme si tout d’un coup des méchancetés qu’elle avait entendu dire et n’avait pas crues eussent acquis à ses yeux une navrante vraisemblance. (SG 990/377)

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