Chasseur louche

 

Nombre de citations du personnage dans chacun des sept livres de la Recherche

Total

Swann

JF

Guer

SG

Pris

Fug

TR

2

   

 

 2

 

   

L’un des jeunes chasseurs du Grand-Hôtel, un peu louche aux yeux du Narrateur, vante étrangement les mérites de sa sœur et de son frère qui auraient réussi dans la vie (1)

 

(1)

Je tombais de sommeil. Je fus monté en ascenseur jusqu’à mon étage non par le liftier, mais par le chasseur louche, qui engagea la conversation pour me raconter que sa sœur était toujours avec le Monsieur si riche, et qu’une fois, comme elle avait envie de retourner chez elle au lieu de rester sérieuse, son Monsieur avait été trouver la mère du chasseur louche et des autres enfants plus fortunés, laquelle avait ramené au plus vite l’insensée chez son ami. « Vous savez, Monsieur, c’est une grande dame que ma sœur. Elle touche du piano, cause l’espagnol. Et vous ne le croiriez pas, pour la sœur du simple employé qui vous fait monter l’ascenseur, elle ne se refuse rien ; Madame a sa femme de chambre à elle, je ne serais pas épaté qu’elle ait un jour sa voiture. Elle est très jolie, si vous la voyiez, un peu trop fière, mais dame ! ça se comprend. Elle a beaucoup d’esprit. Elle ne quitte jamais un hôtel sans se soulager dans une armoire, une commode, pour laisser un petit souvenir à la femme de chambre qui aura à nettoyer. Quelquefois même, dans une voiture, elle fait ça, et après avoir payé sa course, se cache dans un coin, histoire de rire en voyant rouspéter le cocher qui a à relaver sa voiture. Mon père était bien tombé aussi en trouvant pour mon jeune frère ce prince indien qu’il avait connu autrefois. Naturellement, c’est un autre genre. Mais la position est superbe. S’il n’y avait pas les voyages, ce serait le rêve. Il n’y a que moi jusqu’ici qui suis resté sur le carreau. Mais on ne peut pas savoir. La chance est dans ma famille ; qui sait si je ne serai pas un jour président de la République « Mais je vous fais babiller (je n’avais pas dit une seule parole et je commençais à m’endormir en écoutant les siennes). Bonsoir, Monsieur. Oh ! merci, Monsieur. Si tout le monde avait aussi bon cœur que vous il n’y aurait plus de malheureux. Mais, comme dit ma sœur, il faudra toujours qu’il y en ait pour que, maintenant que je suis riche, je puisse un peu les emmerder. Passez-moi l’expression. Bonne nuit, Monsieur. » (SG 979/369)

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