L’œil de bœuf

d’après Agranska Krolik

Le Narrateur se promène dans Paris à une heure tardive. Assoiffé, il entre dans un hôtel encore ouvert et demande qu’on lui serve quelque chose à boire. 

Bientôt on me fit monter dans la chambre 43, mais l’atmosphère était si désagréable et ma curiosité si grande que mon « cassis » bu je redescendis l’escalier, puis pris d’une autre idée, je remontai et dépassai l’étage de la chambre 43, allai jusqu’en haut. Tout à coup, d’une chambre qui était isolée au bout d’un couloir me semblèrent venir des plaintes étouffées. Je marchai vivement dans cette direction et appliquai mon oreille à la porte. « Je vous en supplie, grâce, grâce, pitié, détachez-moi, ne me frappez pas si fort, disait une voix. Je vous baise les pieds, je m’humilie, je ne recommencerai pas. Ayez pitié ». « Non, crapule, répondit une autre voix, et puisque tu gueules et que tu te traînes à genoux, on va t’attacher sur le lit, pas de pitié », et j’entendis le bruit du claquement d’un martinet probablement aiguisé de clous car il fut suivi de, cris de douleur. Alors je m’aperçus qu’il y avait dans cette chambre un œil de bœuf latéral dont on avait oublié de tirer le rideau ; cheminant à pas de loup dans l’ombre, je me glissai jusqu’à cet œil de bœuf, et là enchaîné sur un lit comme Prométhée sur son rocher, recevant les coups d’un martinet en effet planté de clous que lui infligeaient Maurice, je vis, déjà tout en sang, et couvert d’ecchymoses qui prouvaient que le supplice n’avait pas lieu pour la première fois, je vis devant moi M. de Charlus. (TR 815/122)