Michel Leiris
1901-1990
Ethnologue ; écrivain, critique d’art
J’ai lu à toute vitesse la fin du Temps retrouvé. De plus en plus je trouve Proust génial. Dans peu d’ouvrage, il m’est arrivé de trouver à un tel point ce que j’ambitionnerais de faire moi-même.
Lettre à sa femme, le 19 novembre 1939.
A la Recherche du temps perdu est un traité d’esthétique romancé (…) Grâce au sentiment euphorique d’éternité ou d’universalité procuré par la fusion de deux instants distincts dont l’un répond à une perception ancienne et l’autre à une perception immédiate dans laquelle, par voie de similitude partielle, la perception ancienne (chargée de valeur affective) reprend vite. Percevoir comme fondus (et comme un moment unique de la durée intérieure) deux instants diversement situés dans le temps mathématique et accéder à une grandeur (quasi divine) qui n’exclut pas la connaissance qu’on a d’être plongé dans le temps (puisque du même coup on prend conscience de la distance qui sépare le moment ancien ressuscité et le moment présent) mais donne l’illusion d’avoir triomphé de cette misère.
Conférence sur Proust donnée en mars 1956
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