Au début des années 1920, les éditions Arthème Fayard et Cie, sous la férule d’Henri Duvernois, lancent la revue Les Œuvres Libres, un « mensuel ne publiant que de l’inédit ». Chaque numéro rassemble en prépublication les romans d’une demi-douzaine d’écrivains. Une aubaine pour les auteurs. En juillet 1921, dès qu’il apprend la création de cette revue, Marcel Proust manifeste l’intention d’y collaborer régulièrement : « Il y a dans le Temps perdu tout mon roman avec Albertine jusqu’à la mort de celle-ci, qui pourrait très bien paraître en revue (en beaucoup de numéros seulement). » Il va alors publier deux romans qu’il considère comme autonomes (les deux textes sont chacun sous-titrés « roman inédit et complet »), même s’il les destine à être ensuite intégrés, remaniés, à un autre projet littéraire d’envergure. Ces deux livres constituent une véritable curiosité dans l’ordre de l’édition proustienne.
Jalousie
En novembre 1921, Proust confie tout d’abord aux éditions Fayard (Les Œuvres Libres, n° 5) un premier extrait d’À la recherche du temps perdu, tiré de Sodome et Gomorrhe II. Le roman est intitulé Jalousie. Il donne une version corrigée du manuscrit de la soirée chez la princesse de Guermantes ainsi qu’un condensé du début du chapitre II.
Précaution inutile
Un second extrait, tiré de La Prisonnière, est préparé à l’automne 1922. Il ne paraîtra toutefois que de façon posthume, en février 1923, sous le titre Précaution inutile (Les Œuvres Libres, n° 20).