Vue de Delft par Johannes Ver meer
Bergotte gravement malade se rend au musée pour voir un tableau de Ver Meer qu’il apprécie tout particulièrement. Cette sortie va lui être fatale.
Dès les premières marches qu’il eut à gravir, il fut pris d’étourdissements. Il passa devant plusieurs tableaux et eut l’impression de la sécheresse et de l’inutilité d’un art si factice, et qui ne valait pas les courants d’air et de soleil d’un palazzo de Venise, ou d’une simple maison au bord de la mer. Enfin il fut devant le Ver Meer, qu’il se rappelait plus éclatant, plus différent de tout ce qu’il connaissait, mais où, grâce à l’article du critique, il remarqua pour la première fois des petits personnages en bleu, que le sable était rose, et enfin la précieuse matière du tout petit pan de mur jaune. Ses étourdissements augmentaient ; il attachait son regard, comme un enfant à un papillon jaune qu’il veut saisir, au précieux petit pan de mur. « C’est ainsi que j’aurais dû écrire, disait-il. Mes derniers livres sont trop secs, il aurait fallu passer plusieurs couches de couleur, rendre ma phrase en elle-même précieuse, comme ce petit pan de mur jaune. » Cependant la gravité de ses étourdissements ne lui échappait pas. Dans une céleste balance lui apparaissait, chargeant l’un des plateaux, sa propre vie, tandis que l’autre contenait le petit pan de mur si bien peint en jaune. Il sentait qu’il avait imprudemment donné le premier pour le second. « Je ne voudrais pourtant pas, se disait-il, être pour les journaux du soir le fait divers de cette exposition. «
Il se répétait : « Petit pan de mur jaune avec un auvent, petit pan de mur jaune. » Cependant il s’abattit sur un canapé circulaire ; aussi brusquement il cessa de penser que sa vie était en jeu et, revenant à l’optimisme, se dit : « C’est une simple indigestion que m’ont donnée ces pommes de terre pas assez cuites, ce n’est rien. » Un nouveau coup l’abattit, il roula du canapé par terre, où accoururent tous les visiteurs et gardiens. Il était mort. Mort à jamais ? Qui peut le dire ? (Pris 187/176).
« Le coup fatal de la pomme de terre, ne doit jamais faire oublier,
le trognon-tout aussi fatal- de la Pomme d’Adam!
Couenne gêne(contemporain)
Bergotte meurt pendant qu’Albertine vit avec le narrateur. Pourtant, au debut du Temps retrouvé, quznd Gilberte et Saint-Loup sont mariés, le narrateur dit ‘avec Bergotte partout où étaient les Saint-Loup.
J’ai le meme souci avec la marquise de Villeparisis dont on annonce la mort durant la soiree chez les Verdurin organisée par Charlus et que l’on croise à Venise dans La Fugitive.
Pouvez-vous être plus précis ?
J’ai remarqué la même chose. Ce doit être une incohérence, comme la mort de Mme Villeparisis dans La prisonnière et qu’on retrouve dans Le temps retrouvé.
Lu dans Réelles présences de Georges Steiner :
« Quelles doivent être nos responsabilités (…) envers la présence de ses Anges aux ailes déployées dans la vitrine proustienne des librairies au soir de la mort de Bergotte ? ».
Quelqu’un peut-il décrypter cette citation ? Merci d’avance.